Ce que vous cherchez

lundi 19 juillet 2010

Me voilà enfin de retour à la maison, après près de vingt heures de voyage... et ce n'est pas trop tôt. Après le trop-plein de lumières, bruits, gling-gling et chaleur sèche de Las Vegas, je suis ravi de retrouver le calme de mon coin de paradis.

J'ai quelques jours pour m'intéresser à tout ce que j'ai loupé pendant les WSOP. L'ouverture du marché Français au jeu en ligne a visiblement fait couler beaucoup d'encre, et je dois me mettre au diapason: nous avons tous eu l'impression de vivre ça de très loin, sans vraiment nous sentir concernés, pendant que nous étions à Vegas. J'ai lu les divers mouvements organisés à l'encontre des décisions litigieuses de l'ARJEL, et surtout à l'encontre des mesures abusives mises en place par les sites de poker en ligne, mais sans me sentir directement impliqué dans tout ça. Il a fallu que je rentre pour réaliser que nous autres, reporters poker, sommes justement parmi les plus concernés.

Je vais donc commencer par ouvrir mes comptes poker en .fr, puis faire le tour des rooms, voir un peu ce qu'il en est, quelles sont les diverses propositions de bonus, rake etc....

Je pense que mon prochain coverage sera le Partouche Poker Tour, comme l'année dernière, j'ai donc un mois durant lequel je ne vais pas voyager, que je pourrai consacrer à l'actualité poker.

Chaque année (depuis 2008) le Partouche Poker Tour est ce qui se rapproche le plus pour moi d'une rentrée des classes: on se retrouve entre potes, loin de l'agitation démesurée des World Series, on revoit plein de joueurs Français que l'on ne croise pas forcément durant le reste de l'année, le tout dans un lieu magnifique, au bord de la mer, et au soleil.

Après le PPT, les tournois vont probablement s'enchaîner, comme l'année dernière: le circuit EPT, l'Irish Winter Festival et l'Irish Open à Dublin, les Masters Classic of Poker d'Amsterdam (que j'ai loupé l'année dernière), les World Poker Tour qui installent quelques étapes en Europe... une année bien chargée, si tout se passe bien, durant laquelle j'essaierai d'updater ce blog le plus souvent possible.

D'ici là, je vais m'essayer au poker en ligne Made In France, en vase clos, et vous donnerai mes impressions dans quelques temps.

samedi 17 juillet 2010

Exit Vegas, Welcome Home

Il s'agit du dernier article que je publierai sur le sol Américain cet été: je quitte Sin City demain matin, décollage à 9h. Et c'est tant mieux, plus d'un mois d'affilée loin de chez moi, cela commence à être pesant.

Je suis repassé vite fait au Rio, pour dire au revoir aux copains, refiler mon téléphone mobile à Benjo -lui va rester un mois de plus, et il reste plein d'unités sur mon téléphone à carte, faut pas gâcher.

Il me reste deux ou trois trucs à faire, mais d'une manière générale, je suis prêt. Ne parvenant pas à dormi cette nuit, j'ai préparé mes valises, et me suis finalement écroulé vers six heures du mat(in.

Hier, j'ai passé la plus grosse partie de la journée à la villa Darcourt: Christophe est passé me prendre sur le Strip, et après avoir fait quelques courses, nous nous sommes retrouvés en pleine bataille d'eau avec les enfants de Guillaume et Caro. Fabrice et Claire nous ont rejoints plus tard, et nous avons pu apprécier un T-bone steack au barbecue, avant de sagement rentrer vers 1h du matin.

Quand je suis arrivé au Rio, tout à l'heure, j'ai pris le temps de faire le tour du casino avant de me diriger vers la salle de presse, comme pour dire au revoir aux machines à sous. Je suis également passé au starbucks: il était vide. Les WSOP 2010 sont belle et bien enterrées, le seul endroit qui ait encore une âme est l'Amazon Room, où les 56 derniers joueurs du main event s'évertuent à rester en vie le plus longtemps possible. Je connaitrais la table finale seulement une fois arrivé en France: je serai dans l'avion quand les November Nine seront présentés au monde. Cela fait un truc de plus que je loupe dans ces WSOP.

Je vais continuer à faire vivre ce blog, bien sûr, mais probablement moins souvent tant que je ne serai pas en coverage. En tout cas, merci à tous ceux qui m'ont lu durant ces WSOP, vos réactions sur facebook et/ou commentaires sur le blog m'ont beaucoup touché.

To Be Continued...

jeudi 15 juillet 2010

Rigged Hand

Il y a quelques jours, j'ai participé au tournoi des médias organisé par Harrah's lors des WSOP.
Suite à une initiative de Nolan Dalla, la première main a été trafiquée.

Jo Mannix était là, et a filmé la scène:


Oh Shit, I Hate Frenchies

Bill's Gamblin' Hall & Saloon

Hier, Jooles m'a tanné une bonne partie de la journée pour qu'on aille jouer un peu en cash-game à la table $0,5-$1 du Bill's. Je n'étais pas particulièrement chaud -je rappelle que je suis tout sauf un cash-gamer- mais il a fini par me convaincre, notamment en me finançant à 50% sur ma première cave. Oui, c'est vrai, je suis vénal.

Bref, en sortant du Rio après une journée de coverage, Jooles et moi avons donc sauté dans un taxi, puis nous sommes dirigés d'un pas guilleret vers le Bill's et ses tables de poker qui sentent la brokitude à plein nez. Le temps de commander une bière au bar de la poker-room, et deux places se libèrent: Jooles et moi cavons pour $100, et nous nous retrouvons côte à côte à la table, il est une heure et demie du mat'.
"Y'a pas beaucoup d'argent sur la table, mais on va les raser quand même" me glisse Jooles alors que la croupière distribue la première main.

Un petit tour d'horizon: à ma gauche, Jooles, là ça va. Ensuite, un Mexicain qui arbore une arcade sourcilière tellement développée qu'on le dirait tout droit sorti de la Guerre Du Feu, vous savez ce film dans lequel des hommes de cro-magnon passent leur temps à se mettre sur la gueule pour une étincelle. A sa gauche, un degen qui ne bouge pas d'un pouce, à part pour pomper sur la paille qui émerge de son verre.
Dans le virage, on a un type, la quarantaine environ, que j'appellerai Craby: c'est écrit sur sa figure qu'il ne daignera jouer qu'avec deux As. A ses côtés, un mec dans les 25 ans, qui a cavé au minimum, qui aime bien mettre un straddle à $2 avant de folder sur la moindre relance préflop. Il fera d'ailleurs deux relances préflop avant de spew sa cave et de repartir comme il est arrivé, dans l'indifférence générale. Et enfin, directement à ma droite, un vieux Texan style fort-knox, et un autre au profil de calling-station.

Et la croupière, bien sûr. N'oublions pas la croupière, une Asiatique qui doit compter une bonne cinquantaine d'année, et dont l'accent fleure bon le boat-people. Je mets d'ailleurs un certain temps à comprendre que "Hid-yioup" signifie "Heads-Up". A deux reprises, les joueurs doivent intervenir car elle hésite visiblement sur la personne à qui attribuer le pot, dans un coup plutôt évident, genre double-paire contre quinte par exemple.

Au bout de quinze minutes environ, elle se fait remplacer, et tout le monde pousse un imperceptible soupir de soulagement. Mais elle ne nous fiche pas la paix pour autant: Madame est polyvalente, et tandis que son collègue prend sa place, elle ramasse les verres à la table, les racks sous la table, fait bouger les joueurs pour nettoyer sous leurs sièges... tout ceci part d'une bonne intention, mais c'est plutôt gênant quand on est dans un coup.

En bref, ça se passe plutôt bien pour Jooles et moi: lui monte un beau petit tas de jetons, et je gagne quelques coups également, dont un plutôt standard: je raise préflop avec As-Roi, en bonne serrure que je suis, et une autre serrure call. Le flop m'apporte un As, je bet, le gars check-call. Le turn est un blank: idem. La river n'apporte rien de plus, et mon adversaire donk-bet à tapis, pour $21. Je fais le call, il retourne As-Dame et pousse un soupir de frustration en voyant ma main, et quitte la table. Jooles va lui aussi proprement décaver un joueur, lors de la main suivante.
Problème: les joueurs ne recavent pas, et l'on se retrouve bientôt à quatre. Il y a six joueurs sur la table voisine, nous décidons donc de nous rassembler à dix.

Et là, c'est le drame. Un Amérloque pur jus, d'une trentaine d'année probablement, est installé juste en face du croupier, et son taux d'alcoolémie doit frôler l'inimaginable. Il propose des cocktails à tout le monde -plutôt confortable, puisqu'il ne les paie pas- et laisse des tips astronomiques au croupier. C'est bien simple: dès qu'il gagne un coup, il ne garde que les jetons de $5 et donne tous les $1 au croupier. Lorsque nous nous installons, il nous demande d'où nous venons. "From France" répond Jooles.

"Oh shhhhhit" répond l'ivrogne. "I hate Frenchies."

"You French Guys Never Give Tips"

Et le voilà parti dans une diatribe contre les Français, qui sont nuls au foot, qui ne laissent jamais de pourboires, qui piquent les gonzesses des autres.... Il est plutôt marrant au début, mais les insultes viennent rapidement, et personne ne lui dit rien: le croupier n'a probablement pas envie de perdre ses pourboires monstrueux, et le gars est plutôt costaud, ce qui fait que les autres joueurs se contentent de nous regarder en hochant la tête d'un air navré.

J'ai travaillé dans un bar pendant plusieurs années, je devrais donc avoir la patience nécessaire pour supporter ce genre de comportement. Pourtant, rien à faire: je sens que ça monte. Je vais avoir envie de lui rabattre son caquet, à cet espèce de crétin, et de lui prendre tous ses jetons, quitte à faire une boulette. En gros, il est en train de me mettre en tilt. Je perds un premier coup, revenant à ma cave de départ, et voyant que le gars continue son monologue, me lançant régulièrement un "Hey, what ya think 'bout that, fuckin' Frenchie, mmh?" en misant un gros paquet de jetons, je préfère quitter la table, break even.

Tant pis, on se fera les raccros du Bill's un autre jour.

Il est trois heures du mat', je vérifie qu'il y a de la place au Victoria pour manger leur steak & eggs à $5, et je retourne à la table: Jooles se lève aussi, excédé. Les autres joueurs nous regardent en s'excusant, l'air impuissant: le comportement de leur compatriote les gêne énormément, mais que pourraient-ils bien faire ? Lui dire de rester poli ? Mec bourré n'a pas d'oreille, c'est bien connu.
Jooles est tout de même bénéficiaire de $150, et m'offre le repas au Victoria, avant que nous rejoignions tous les deux notre hôtel.

Glou-glou

Arrivé dans ma chambre, je prends une connection internet: les hôtels proposent une connection à $15 par jour, c'est hors de prix mais je vais en avoir besoin. J'en profite pour appeler ma chérie sur skype, vers 4 heures du mat' -il est 13h à la maison, et nous passons un bon moment à papoter.
Je me couche enfin vers 5h, pour me réveiller trois heures plus tard: il y a visiblement un problème de tuyauterie, j'entends des glouglous qui viennent de ma salle de bain. Je jette un œil: rien. J'appelle l'accueil pour signaler le problème: ils sont désolés, mais le circuit d'eau est en réparation dans la tour où est située ma chambre, et je risque d'être ennuyé une partie de la matinée. Puis-je avoir une autre chambre pour aujourd'hui, dans ce cas?
"Nous sommes désolés Monsieur, toutes les chambres de l'autre tour sont réservées."
Mon cul.
"J'ai vraiment besoin de dormir, je suis sûr que vous allez me trouver une solution...."
"Je n'ai rien à proposer pour le moment, je vois mon manager et je vous rappelle."

Je surfe un peu sur internet, regarde un film, rappelle la réception sans résultat, et j'arrive enfin à me rendormir vers midi, pour me réveiller vers 16h, en sursaut et en nage: la clim' est stoppée, j'ai laissé les rideaux ouverts, et il fait une chaleur d'ours dans la chambre.
Comme souvent, c'est le téléphone qui m'a réveillé, sauf que cette fois-ci, ce n'est pas mon portable: c'est la réception qui me rappelle.
"Monsieur, nous avons le plaisir de vous informer que les travaux dans votre tour sont terminés, vous allez pouvoir vous reposer. Nous sommes désolés pour le désagrément que cela vous a causé."
Je raccroche, furieux, sans même penser à gratter un dédommagement.

Beef Rice Noodles & Diet Coke

Vers 18h, j'appelle Guillaume Darcourt, pour savoir si je peux passer à sa villa demain: une après-midi piscine/ping-pong/bière fraîche me semble toute indiquée.
"Je te rappelle tout à l'heure, je vais organiser un truc."
Une heure plus tard, il me rappelle:
"Ok, rendez-vous demain à la villa, pour un après-midi glandouille-piscine, et barbecue le soir. Il y aura Christophe (Benzimra) et Katherine, Thomas (Bichon), Fabrice (Soulier) et Claire, et nous."
Cool, ça. Un genre de pool-party rien qu'à nous, avant de quitter Sin-City, avec T-bone steak au menu le soir.

Dans la foulée, Antonio m'appelle: le qualifié Poker770 quitte Las Vegas demain, et me propose de dîner avec lui et Stéphanie, sa chère et tendre. J'accepte avec plaisir, et les retrouve une demi-heure plus tard au bar du Bally's. Le temps de siroter une bière, on discute de tout et de rien, et surtout de téléphone: mon Iphone est définitivement mort suite à une chute inopinée dans la piscine, et le sien vient de planter, restant bloqué sur l'écran de démarrage, et ça le rend tout malheureux.
Je propose d'aller manger un morceau au Noodles du Bellagio. Le Noodles, comme son nom l'indique, est un bar à nouilles, généralement cuisinées au Wok -mais pas que: la carte y est tout de même plus fournie, l'accueil est de qualité. J'y vais au moins une fois chaque année; c'est Fougan et Pascal Perrault qui m'y avaient invité lors de mon tout premier séjour à Vegas, et j'ai plaisir à y retourner de temps en temps. Je prends un Beef Rice Noodles accompagné d'un coca light pour faire glisser tout ça.


Stéphanie, moi-même et Antonio, devant la salle High-Stakes slots du Bellagio

Antonio revient sur le main event, et sa déception de ne pas vraiment avoir eu sa chance: à chaque fois qu'il a monté des jetons, il a pris un set-up, et lors du day 3, il a pris trois set-ups de suite, avant d'être éliminé. De plus, nous sommes conscients du fait qu'il va être beaucoup plus difficile de se qualifier online désormais, car depuis l'ouverture du marché Français au jeu en ligne, le field est réduit à un vase clos. Fini, les satellites avec 200 places garanties.
En sortant du Bellagio, on passe rapidement par le Flamingo, avant de s'arrêter devant une table de craps du Bill's. Antonio est assez intrigué par le craps, et après mes maladroites explications -ma connaissance du craps est plus que limitée- nous sortons chacun $50 de notre poche, pour tenter le diable. Problème: le diable a gagné, nous laissant avec un goût de frustration dans la bouche, nos $50 s'étant évaporés en cinq minutes.

On sort du Bill's vers minuit, il est temps de se dire au revoir: Antonio et Stéphanie ont leur avion demain soir, et comptent bien profiter de leur dernière journée sur le sol américain.

De retour au Bally's, je jette un œil sur les divers coverages du main event: la journée a été une vrai boucherie. Sur les 570 joueurs qui ont pris place dans l'Amazon Room à midi, il n'en reste que 205, dont huit français. Cette information me laisse curieusement froid: pour la première fois depuis que je suis arrivé à Vegas, j'éprouve un désintérêt total pour le poker.

C'est sûr, il est plus que temps que je rentre.

mardi 13 juillet 2010

Chronique d'une mort annoncée

Convention Center du Rio, 14h30 (23h30 en France)

Le day 4 du main event des WSOP est engagé depuis deux heures et demie maintenant, et je me dirige vers la poker kitchen: j'ai la dalle, et les salades composées m'appellent.
Je me retrouve dans un couloir désert: ça y est, l'hémorragie a commencé. Le guichet d'enregistrement du Rio est fermé, et c'est sans doute la dernière fois que cet hôtel accueille les WSOP -une rumeur court, disant que le Planet Hollywood pourrait bien devenir le prochain temple des WSOP à partir de 2011. J'ai du mal à y croire, ne voyant pas précisément où l'on pourrait caser toutes ces tables de poker.

Le Rio se déleste peu à peu de ses joueurs, les couloirs se vident, et si l'agonie n'a pas encore vraiment commencé, cela ne saurait tarder, car l'hémorragie est violente: tous les éliminés du main event ont leur avion aujourd'hui ou demain, le Pavillon ne contient plus que du vide, la fête se termine. Cela laisse comme une impression de manque, de vide, qui nous fait dire: "Quoi? Tout ça pour ça? On se casse le cul à être présent chaque jour de 11h à minuit pour finalement se retrouver comme un con devant un couloir vide..."

Ma championne du monde préférée a été éliminée: Vanessa Hellebuyck a perdu son ultime coin-flip, 250 places avant de faire l'argent. Même si Julien Brahic, qualifié Poker770, est encore en course, le fait que Vanessa ait sauté ressemble à une fin en soi. Elle a gagné son premier bracelet lors du Ladies Event début juin, et quelques semaines plus tard, elle est éliminée au day 4 du main event. La boucle est bouclée pour les WSOP 2010, en ce qui me concerne.

Vanessa Hellebuyck, qui a remporté le Ladies Event des WSOP cette année

D'un autre côté, je suis plutôt content que cela se termine. Cela fait quelque jours que l'effet saturation de Las Vegas est présent en continu chez moi, et les quelques heures de sommeil et/ou les fiestas avec les potes qui suffisaient généralement à estomper cette saturation, sont désormais inopérants. Vivement que je rentre à la maison, je deviens imbuvable: j'ai passé mon temps à me plaindre ce matin...

Bubble Time

Il reste plein de français en course, heureusement, et les espoirs d'un deep run sont toujours vivaces, d'autant qu'un cap prépondérant sera franchi dans la journée: la bulle.
Il n'y a pas de place plus honnie dans le monde du poker que la bulle du main event: le dernier éliminé qui repart les poches vides est présenté à toute la poker-room et applaudi par tous les joueurs restants, qui sont soulagés que le sort soit tombé sur un autre.

Même s'il ne s'agit que d'argent, et pas de vie ou de mort, j'ai toujours considéré la bulle comme une mort virtuelle. On fait tout ce qu'on peut pour survivre pendant les longues journées de tournoi, utilisant toutes les armes à notre portée: les bonnes cartes, bien sûr, mais aussi la puissance d'un gros stack, la persuasion d'un trash-talk, la fatigue des autres, l'avantage de la position sur un joueur plus faible, la peur d'un adversaire qu'on tourne à notre avantage, la célébrité pour certains, tous les ingrédients d'un bon bluff... dans un seul et unique but: entrer dans les places payées, où on ne mourra plus tout à fait, puisqu'on aura touché un peu d'argent pour tous nos efforts.
Et là, c'est le drame: on saute à la place du con. Et tout le monde se lève pour vous applaudir, vous remerciant implicitement d'avoir accepté d'être le dernier à mourir sans contrepartie, leur évitant la honte suprême. J'ai rarement vu 747 personnes aimer unanimement une même personne, ni cette même personne haïr les 747 autres avec une telle intensité, même si ce moment est fugace, tout en faisant bonne figure.


Quand la bulle explose, les cris de joie aussi.... Crédit photo: Kinshu@clubpoker

Le moment où Jack Eiffel lancera dans le micro "Congratulations Guys, You're In The Money" sera incroyable, comme chaque année: 747 joueurs crieront leur joie à l'unisson, et une allégresse un peu folle envahira l'Amazon Room. Puis le jeu reprendra, et une centaine d'éliminations arriveront très vite: tous les petits tapis qui étaient en mode "Fort Knox" pendant la bulle vont se lâcher, avec l'effet que l'on connait.

Vers 19h00, alors qu'il ne reste que 4 joueurs à éliminer avant d'entrer dans la money-list, Jack Eiffel (Tournament Director) annonce qu'une pause de 90 minutes a été aménagée pour que le joueurs partent manger. Réaction immédiate et unanime des joueurs: Jack Eiffel se fait huer. Tout le monde aurait préféré que la bulle explose avant de quitter la poker-room, et il est vrai que les short-stacks risquent d'avoir des problèmes de digestion. Ceci dit, on sait que la bull peut durer très longtemps, et Jack Eiffel n'avait probablement pas envie d'envoyer les joueurs en pause-repas trop tard.

A peine une heure après avoir repris les jeu, la bulle éclate, et les joueurs laissent exploser leur joie: chacun prendra au minimum $19,603. Julien Brahic, dernier représentant de Poker770, est tout juste payé: il saute quelques minutes après être rentré dans l'argent.


Julien Brahic au moment où il apprend qu'il est dans l'argent

28 autres Français sont dans la money-list, ce qui est plus qu'honorable, dont certains qui me touchent personnellement, comme Fabrice Soulier, Jean-Paul Pasqualini, Antony Lellouche, Germain Gillard, Julien Lang Van... Le coverage se termine pour moi ce soir, je pense. j'ai envie de profiter des trois jours qui me restent pour me balader un peu, notamment à Fremont Street où je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller cette année. Je ferais un up-date en fin de journée sur le main event, n'ayant plus de joueurs Poker770 à couvrir.

Dans les jours qui viennent, l'agonie des WSOP 2010 va s'accélérer, jusqu'au le 17 juillet, où il ne restera plus qu'une poignée d'irréductibles qui regarderont la table finale se former. Le monde du poker devra ensuite retenir son souffle jusqu'en novembre pour connaître le vainqueur du main event 2010.

lundi 12 juillet 2010

Gangsta Time

Depuis hier soir, j'ai un nouveau grand souvenir à classer dans la catégorie "Plus Grand Souvenirs De Ma Vie": j'ai assisté à un concert privé de Snoop Dogg au Rain, le club du Palms. Pokerstars nous a en effet accueillis hier soir pour sa soirée annuelle des WSOP, et nous a offert ce moment exceptionnel.

Mais revenons sur cette journée:
Je me suis levé vers 10h30, pas de bonne heure mais de bonne humeur: j'allais pouvoir toucher des vraies cartes, jouer avec des vrais jetons, contre des vrais joueurs, au beau milieu de l'Amazon Room. J'ai rapidement déchanté: arrivé au Rio à 11h30 -alors que le tournoi des médias commence à midi- je me fais bloquer devant la porte d'entrée de l'Amazon. Le garde m'explique que le tournoi ne commence qu'à midi, je ne peux donc pas entrer avant midi. Il n'y a pourtant pas d'autre tournoi aujourd'hui. "Il y a une raison particulière à cela?"
"Oui" me répond-il, en me regardant droit dans les yeux, sans développer.
Ah bon.
Trois minutes plus tard, nous sommes une vingtaine à attendre devant ce garde, qui disparaît soudain sans dire un mot. Nous en profitons pour entrer dans l'Amazon, passons devant deux membres de la sécurité, personne ne nous arrête... Il y a des jours où l'on se demande si on ne rêve pas.

Je retrouve Kinshu, Jooles, Benjo, Jo Mannix, Christophe (card players france) dans l'Amazon Room, où chacun prend sa place. Nous sommes 130 inscrits à ce tournoi des médias, et seuls les neuf joueurs qui iront en table finale obtiendront un lot: un sac qui contient probablement des goodies offerts par un sponsor.
Seule la première place vaut le coup: il y a un IPad à gagner. Tous les participants au tournoi obtiennent une casquette et un t-shirt à l'effigie de Jack Links, le sponsor principal, qui distribue de la viande de boeuf séchée.
A la réflexion, je me demande ce que j'ai bien pu faire de la casquette vert pomme Crédit Agricole que j'avais gagné lors de la fête de mon école en CE2, elle serait toujours plus facile à porter qu'une casquette qui vante les vertus de la viande séchée.

Un petit coup d'oeil sur la structure du tournoi: chaque joueur commence avec 10,000 jetons, pas mal. Les blinds de départ sont 100-200, moins bien. Les 8 premiers niveaux durent 20 mn, les suivants 15. Ok, en avant pour le crap-shoot.

Lorsque tout le monde est installé, Nolan Dalla, directeur des médias pour les WSOP, prend un des joueurs de ma table à part, et lui glisse discrètement quelques mots à l'oreille. Deux minutes plus tard, il fait la même chose avec une autre joueuse située elle aussi à ma table, puis c'est mon tour.
"Tu as une seconde à m'accorder?" Je me lève et le retrouve près de l'estrade médias. "Tu vas adorer ça" me dit-il en gloussant comme un gosse qui prépare une blague, avec son look de day off: lunettes de soleil, foulard sur les cheveux. "Lors de la première main, tu vas recevoir une paire de Trois. Quoiqu'il arrive, tu fais tapis ok ? Il y a un mec à ta table à qui on veut faire ce coup là depuis longtemps"
Ok, pas de problème Nolan, avec plaisir.

Photo prise par Jooles

5 minutes plus tard, Nolan Dalla prononce un petit discours d'introduction, remerciant tous les reporters d'être venus, louant le travail de chacun, tout en ponctuant ses phrases de petites touches d'humour, avant que le tournament director ne lance le "shuffle up and deal" rituel.

Première main: je touche effectivement une paire de Trois. Alors que le joueur UTG a relancé à 600, un autre à sur-relancé 2,400, j'envoie tapis pour 10,000 comme convenu... et nous nous retrouvons à 4 à tapis dans le coup. Les trois autres ont respectivement une paire d'As, une paire de Rois et une paire de Dix.
Nolan rameute tout le monde en hurlant "all-in and call table 368, 4-way pot!" C'est donc sous les appareils photos (j'ai même vu Jo Mannix qui filmait) que le flop tombe: As-Roi-Dix. Hurlements autour de la table.

Turn: 3

Nolan me fait un clin d'oeil depuis l'autre côté de la table, tous les français autour de moi se mette à hurler "3! 3! 3!" Pauly est juste derrière moi, il appelle un trois lui aussi, tout le monde est déchaîné.

River: 3

Même si c'est un fake, je ne peux m'empêcher de jouer le rôle jusqu'au bout, poussant un hurlement de viking quand je touche le carré, du genre "Yeah Baby, one tiiiiiiime!"

Après ça bien sûr, les jetons sont rendus à chacun, tout le monde se marre, et on reprend le jeu, le vrai, cette fois. Dommage, j'aurais bien gardé les 40,000 jetons, moi.

Sur le tournoi en lui-même, pas grand chose à dire: je double très vite avec deux As contre deux Neuf, et monte quelques beaux pots, mais je suis rapidement changé de table. J'arrive à la table de Jooles et Jo Mannix, qui sautent rapidement. La structure est vraiment atroce, et de plus ça joue n'importe comment. Je perds quelques coups en faisant un peu n'importe quoi, et je retombe à 15,000 jetons. Une petite vieille est située juste à ma gauche et est plutôt active: c'est contre elle que je vais sauter après une heure et demie de jeu, avec une paire de Valets contre sa paire de Rois. Pour une fois qu'elle avait un jeu, il a fallu que ça tombe sur moi. Je ne méritais pas d'aller plus loin, de toute manière, ayant joué comme une huitre dans les derniers moments.

On mange un morceau vite fait, en regardant la fin de la finale de la coupe du monde, puis Jooles, Chris, Kinshu et moi passons les 4 heures suivantes à faire du shopping au Las Vegas Outlet Center. Oui, encore, il me manquait deux ou trois trucs.

Retour au Bally's vers 19h pour une mini-sieste, puis je retrouve Jooles et Chris au Paris à 20h: nous nous enfournons dans un taxi, direction le Palm's: la soirée Pokerstars nous attend.

Nous retrouvons Ahmed Debabeche sur place, qui s'est qualifié sur pokerstars pour participer au main event des WSOP. Si ce nom ne vous dit rien, il est possible que "Mr Kast" vous dise quelque chose: Ahmed a été choriste du groupe NTM dans les années 90. Il nous file des entrées pour la soirée Pokerstars, et nous voilà dans la place. Nous retrouvons les Made In Poker sur place: Fabrice Soulier, Jules, Steven, Claire...

Ahmed "Mr Kast" Debabeche

Le temps de boire un ou deux verres, et une Canadienne un peu déjantée fait la première partie du concert. Morceaux de musique sympas, sans plus, talent de la chanteuse probablement gâché par le mauvais réglage du son et l'accoustique merdique de la boite. Elle finit son set, et l'attente commence: Snoop Dogg est rodé au star-system, et doit probablement prendre le temps de finir la réserve de coke du Rain, avant de se pointer sur scène. Un heure et demie après, je lance à Jooles que "si ce connard se pointe pas dans les dix minutes, je me casse"


S'il y a une chose que je déteste, c'est bien attendre. Surtout attendre à 3 mètres de la scène, au beau milieu d'une foule de fans surexcités, bousculé dans tous les sens par des reporters de Poker Listings complètement bourrés. Heureusement pour moi, je n'ai pas eu besoin de partir: Snoop Dogg est enfin arrivé, arborant le maillot de foot de l'Espagne, et l'attente valait franchement le coup: on a passé 45 minutes à sauter, hurler, kiffer....

Le gars assure, et déploie un charisme phénoménal alors qu'il reprend des anciens titres, que le public scande dans un ensemble assourdissant. A près de 40 ans, Snoop Dogg est clairement une bête de scène, qui mérite amplement son succès. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre lors de ce concert privé, mais j'avais surtout peur qu'il nous fasse un p'tit tour de chant et puis s'en va, eh bien pas du tout.

Après cela, la salle s'est rapidement vidée. Jooles et moi sommes allés au Bill's gamblin' Hall & Saloon pour déguster un steak&eggs à $5 (bon plan de la nuit: entre 23h et 6h du mat', un steak avec des oeufs, des toats et des frites pour $5, ça le fait)

Je suis rentré au Bally's vers 2h30, et me suis écroulé sur mon lit, pour être réveillé encore une fois par le téléphone ce matin, à 9h30. Il faut vraiment que j'apprenne à l'éteindre, ce portable.

samedi 10 juillet 2010

Good Girls go to Paradise, Bad Girls go to Las Vegas

Me voilà de retour au Rio pour le jour 2b du main event. Je n'ai pas couvert le jour 2a, puisqu'aucun joueur de ma Team n'y était, et en ai profité pour me prendre un day off (un de plus)

Le soir du day 1d, Harper, Jooles et moi nous sommes rendus au O'Sheas, un casino qui se veut à tendance Irlandaise, où nous avons retrouvé Kinshu, Ronan Monfort, Eric Sagne, Marc "Locsta" Inizan, Antony "Tallix" Roux, Nicolas Lévi, Bruno Launay et bien d'autres.... Nous avons disputé plusieurs parties de Beer-Pong avant de jouer le tournoi à $45 crap-shoot de deux heures du matin. Bilan: Locsta est mon nouveau Dieu du beer-pong, et Bruno Launais m'a gratté un dollar en me proposant un massage à la table de poker. Dure soirée.


J'ai profité de mon day off à ma manière: levé très tard, beaucoup bouquiné, puis je me suis baladé sur le strip une bonne partie de la fin d'après-midi, avant de me refaire la moitié de la première saison de Dexter.

Résultat: trop reposé, pas moyen de fermer l'oeil avant six heures du matin.

Je me lève à dix heures du mat', complètement dans le gaz, et retrouve Antonio au Starbucks pour le petit déj' devenu rituel: Venti Latte et Banana Nut Muffin. Dans la file d'attente du Starbucks, ça parle déjà poker. En gros, d'après ce que je comprends, les interlocuteurs racontent des mains où ils sont toujours les meilleurs joueurs du monde, et leurs adversaires des quiches finies. Ils jouent comme des Dieux mais n'ont pas eu de chance, et les mauvais ont gagné des pots qui leur revenaient de droit, voilà pourquoi ils reviennent au day 2 avec le même tapis qu'au départ du day 1. Je me demande si pour certains la mauvaise foi -liée au besoin systématique de se justifier- est livrée en prime quand on est joueur de poker. Passons.

Il y a un autre sujet qui me trotte dans la tête: j'ai remarqué qu'il y a un moment bien particulier dans les casinos, une sorte d'heure mélancolique, qui se situe généralement entre 3h et 4h du matin, et qui touche particulièrement les joueurs de machines à sous. Quand je rentre au Bally's dans ces heures-là, je remarque que ces joueurs dégagent un ennui presque palpable, et une sorte de désespoir sous-jacent qui flotte au raz de la moquette. C'est à se demander pourquoi ils persistent, puisqu'ils ont l'air de tout, sauf de s'amuser. Certains s'endorment carrément devant leurs bandits manchots, d'autres appuient mécaniquement sur le bouton "max bet" (mise maximum), attendant un gros lot qui n'arrivera pas. A croire que les machines à sous ont le pouvoir de garder ces joueurs désespérés quoi qu'il arrive, leur enlevant toute volonté de se lever et d'arrêter le massacre. Ces gens ne sont pas nombreux, mais quand j'en croise, je me retiens de leur demander quel plaisir ils trouvent à appuyer sur les boutons de ces slots, le visage et les yeux vides de toute expression, leurs mains crochetées sur leur verre, le cul écrasé sur leur fauteuil en skaï rouge. On les voit moins le week-end, puisque les gens jouent plus tard et que d'une manière générale l'animation ne faiblit que vers cinq heures du matin.

Cette nuit, vers quatre heures du matin, alors que je n'arrivais pas à dormir, je suis allé me chercher un truc à grignoter à la boutique de l'hôtel, et ai fait une rencontre assez rafraîchissante dans l'ascenseur: une immense Afro-Américaine accompagné d'un type plutôt insignifiant, qui a fixé les portes métalliques sans décrocher un mot. J'ai vite compris qu'il s'agissait d'une pute, à la manière dont elle était habillée et au grand sourire qu'elle m'a décroché, et je n'ai pas pu m'empêcher de penser: "C'est incroyable, elle vient de sauter ce type, et elle est prête à remettre ça."

"Got fun tonight, baby ?" J'ai presque sursauté au son de sa voix un peu criarde, et son client aussi ,d'ailleurs. Je fais partie des gens qui ont tendance à baisser le ton de leur voix quand ils parlent dans un ascenseur, comme si l'exigüité du lieu interdisait tout échange verbal, alors sa voix aigüe et enjouée me choque un peu. Je bredouille que j'ai passé une bonne soirée, merci, et que je m'apprête à aller dormir. Elle éclate de rire et me rétorque qu'il est dommage de se coucher quand il y a tant de choses intéressantes à faire dans la ville du péché, non sans m'assener un clin d'œil coquin. Elle doit sentir ma confusion, et quand les portes s'ouvrent, me lance un "Tu sais chéri, les gentilles filles vont au paradis, les vilaines se retrouvent toutes à Vegas" avant de rejoindre ses copines au bar, prête à ferrer un autre client. Elle a dû me prendre pour une sorte de puritain, et je me sens un peu comme un gosse qui passe devant une vitrine de sous-vêtements, à regarder obstinément droit devant moi, au cas où quelqu'un verrait que je regarde les strings et soutien-gorges....

Il m'a été encore plus difficile de m'endormir, après ça. Jusqu'à maintenant, j'avais toujours considéré les prostituées comme un impondérable lié à l'argent, et il y a beaucoup d'argent dans les casinos. Par conséquent, on y croise souvent des filles de petite vertu. Mais curieusement, je ne leur accordais pas plus d'attention qu'aux machines à sous: elles sont là, et c'est pas près de changer, et je ne me sentais pas particulièrement concerné. Mais celle qui m'a abordé dans l'ascenseur m'a fait marrer, avec sa dernière phrase qui se veut légère, mais aussi sans illusions. Lucide.

La journée au Rio se termine, et ce soir je rentre directement à l'hôtel: j'ai besoin de sommeil. Demain, les joueurs du main event sont en day-off. Je reviendrai néanmoins au Rio: Harrah's organise un tournoi des médias à midi pétantes, avec une structure bien crap-shoot, parfait pour envoyer des jetons un peu partout sans aucune stratégie, et toucher des cartes. Ça me changera. Et puis sait-on jamais, il y a quand même un trophée et un IPad à gagner.

jeudi 8 juillet 2010

Papy fait de la résistance

La journée d'hier a été plutôt mouvementée: j'avais rendez-vous avec les qualifiés Poker770 au Starbuck's du Rio -oui, je suis Starbuck's Addict- pour les accueillir, et leur remettre les goodies 770: polo, casquette, logos...

Dans la foulée, je suis retourné au Las Vegas Outlet Center faire du shopping: je me suis trouvé une série de t-shirts Converse, un sweat à capuche (un de plus, oui, mais pas tout à fait pareil que les autres, quand même), des fringues pour mes enfants...
A 19h, nous avons retrouvé Guillaume et Caro à la Little White Chapel: ils se sont remariés devant un Elvis approximatif (mais qui chantait bien), dans une Cadillac Orlando d'époque. Après une soirée calme -on a évité les batailles de gateaux et d'oeufs, cette fois- je suis rentré au Bally's vers deux heures du matin.

Ce matin, réveil en sursaut: j'ai rendez-vous avec Antonio Guerrerro au Starbuck's du Rio (comment ça: encore?) pour prendre le petit déj', avant d'attaquer la grosse journée qu'est le day 1D du main event des WSOP: 3,000 joueurs sont attendus, qui vont transformer le Rio en Zoo.

Juste avant de lancer le main event, Jack Eiffel annonce la participation d'une ancienne star de la NFL: Emmitt Smith, qui a fait toute sa carrière de running-back dans l'équipe des Dallas Cowboys. Du coup, mon pote Jooles est tout fou, on dirait qu'il vient d'apprendre que le Père Noël existe bel et bien, finalement, et qu'il est venu juste pour lui. J'ai à peine le temps de demander de qui il s'agit, que Jooles me bombarde avec le palmarès de Smith: running-back ayant cumulé le plus de yards en NFL, possèdant trois titres de Super-Bowl... j'en frémis encore.


Emmitt Smith (photo: Jooles - poker-magazine.fr)

Jack Eiffel présente aussi le doyen du jour: un homme nommé Jack Ury, qui cumule 97 printemps. Il me fait proprement halluciner, ce Jack Ury: à l'âge où tous les vieux sucrent les fraises depuis longtemps, il s'installe tout bonnement dans un tournoi à $10,000, assisté par un Papy-sitter, tout de même: il ne voit plus bien, n'entend plus rien, mais il monte des jetons. Au dinner-break, il compte près de 45,000 chips, bien au-dessus de la moyenne.

Jack Ury

Et c'est bien là l'énorme avantage du poker: même à 97 ans, Papy Ury peut espérer gagner contre des jeunes tout frétillants, entrer dans les places payées, voire mieux... essayez de faire la même chose quand vous aurez cet âge là dans une autre activité, au tennis par exemple. C'est -de mon point de vue- un des facteurs qui fait du poker un jeu si largement apprécié et populaire. J'ai lu ou entendu il y a quelque temps déjà un joueur pro dire lors une interview: "Il y a de nombreux sportifs qui cessent complètement de faire du sport, alors qu'il y a très peu de joueurs de poker qui arrêtent complètement de jouer."

Un joueur de tennis lambda peut (et doit forcément) arrêter de jouer un jour alors qu'un joueur de poker n'est jamais forcé d'arrêter complètement, et encore faut-il qu'il le veuille: le sentiment d'invincibilité, l'adrénaline, les grosses frayeurs, le tout allié au fait que l'âge n'est pas une barrière pour le pratiquer... rien ne pousse un joueur à arrêter.

Ce fait se vérifie d'autant plus quand ce joueur a touché les étoiles: je viens de lire dans les diverses newletters que je reçois que Peter Eastgate, qui a remporté le main event des WSOP en 2008 (et cumule au total onze millions de dollars de gain en tournoi en deux ans), a décidé de se retirer du monde du poker, par suite d'un manque de motivation. Je pense que s'il dépendait d'un sponsor pour vivre, le jeune homme aurait été beaucoup plus motivé, mais là n'est pas la question.
Je suis persuadé qu'on entendra parler de lui sous peu. On les connait, les joueurs qui annoncent une retraite prématurée, et qui font leur come-back quelques mois plus tard.
Et qui pourrait le leur reprocher? Certainement pas moi. Quand on a connu le feu des tables télé, les palpitations que peut provoquer une river slow-rollée par un croupier indélicat ou par les exigences des médias, le soulagement intense -et pas forcèment retenu- lorsque l'on a suck-outé son adversaire, les exclamations de joie poussées par 700 survivants du main event quand Jack Eiffel prononce la phrase magique: "Congratulations, Guys, You're In The Money"...

Pour les plus mordus, décider de tout stopper serait aussi facile que ne plus se servir de leur main gauche. Au bout d'un moment, il y a fort à parier que Peter Eastgate réapparaitra d'une manière ou d'une autre. Je pense aussi que plus un joueur est monté haut dans le microcosme du poker -avec tout ce que ça comporte de gloire, strass et paillettes, etc- plus ce joueur aura du mal à décrocher. Même les joueurs complètement brokes, et c'est là un des côtés sombres du poker, ont du mal à décrocher: ils font tout pour se refaire, empruntant de l'argent à d'autres joueurs quand leur propre bankroll est épuisée.

J'ai entendu le mot "addiction" ? Oui, bien sûr... et non. Le mot "addiction" implique une dépendance physique, plus adapté à la dépendance à une drogue, selon moi. Mais je joue sur les mots: il faudrait faire preuve d'une hypocrisie sans bornes pour affirmer qu'il n'y a pas de phénomène d'addiction au poker. L'addiction telle qu'elle est conçue dans le milieu du jeu est directement rattachée aux phénomènes qui découlent de la pratique du jeu, et non au jeu en lui-même. Si les gens y reviennent systématiquement, c'est bien du fait des sensations qu'il provoque. On retrouve la même addiction dans les sports extrêmes, certains professions à risques...
En fait, comme l'a si bien dit Claire récemment, les joueurs de poker sont des gens normaux avec des besoins normaux et des sensations normales. Ils veulent juste que ça aille plus vite, plus loin, plus fort, plus cher. Plus.

Voilà la force extraordinaire qui pousse un papy de 97 ans à jouer ce qui sera peut-être son dernier tournoi. J'ai entendu des gens dire à son sujet: "Tu imagines, s'il prend un bad-beat, il pourrait nous faire un infarctus à la table." Et alors ? Quitte à caner, autant que ça nous arrive quand on pratique notre passion, non ? A tout prendre, je préfère ça plutôt que mourir dans mon lit, indigent au point que quelqu'un soit obliger de nettoyer derrière moi.
C'est ce point-là qui doit le motiver le plus, ce Papy: on se sent rarement aussi vivant qu'à une table de poker, toutes les sensation y sont démultipliées.
What else?

mardi 6 juillet 2010

WSOP: Main Event, day 1B

Le tournoi que tous les joueurs du monde attendent chaque année a commencé lundi 5 juillet à midi. J'ai loupé ce premier jour: aucun de mes joueurs n'était au départ du day 1A, j'ai donc pris un jour de congé - que j'ai occupé à regarder plein de films, manger des saloperies et dormir.

Harrah's attend 7,000 joueurs sur ce main event, et comme chaque année, il y a quatre "premiers jours", nommés day 1a, 1b, 1c et 1d. Les survivants de ces jours 1 se retrouveront lors de deux "deuxièmes jours", les day 2a et 2c. Par la suite, les survivants seront rassemblés lors du day 3, et continueront le massacre jusqu'au jour 8, qui verra se former la table finale.

D'une manière générale, je trouve que les day 1 d'un tournoi sont d'un ennui mortel. Les types qui doublent leurs tapis n'iront pas forcément loin dans le tournoi, on peut passer la journée à chercher un coup ou une anecdote intéressante, et j'en ai plus qu'assez de raconter qu'une paire de Rois s'est fracassée contre une paire d'As, ou qu'un joueur lambda a remporté son coin-flip.
La structure du main event des WSOP est tellement belle, cependant, que cela vaut le coup d'être là pour voir ça: chaque joueur commence avec 30,000 jetons, aux blinds 50-100, et chaque niveau dure deux heures. Une vraie bonne structure, bien deep, qui assure à la pire des serrures de pouvoir jouer un jour entier, voire deux, en échange des $10,000 qu'il a payé pour être là.

L'effet ESPN est présent dès le premier jour: d'habitude, les croupiers annoncent le "all in and call" (tapis-payé) uniquement quand les places payées se rapprochent, et que les joueurs sont en hand-for-hand. Pas pendant le main event: la présence des caméras dès le day 1 assure le spectacle, et l'on entend "all-in and call" à tout bout de champ dans la poker-room, généralement suivi de l'arrivée d'un cameraman et d'un preneur de son d'ESPN.




Je ne fais pas partie des gens qui pensent que la présence des caméras changent le jeu ou la décision d'un joueur, mais je me mets à la place d'un jeune joueur, qualifié sur internet, qui se retrouve à tapis: le garçon joue peut-être pour la première fois en live, tous ses potes qui sont à 9,600 km de là appuient frénétiquement sur la touche f5 de leur clavier d'ordinateur pour réactualiser les coverages français, espérant trouver une info à propos de leur poulain dans la jungle du Rio. Arrive le moment fatidique: notre gars trouve une paire d'As, le flop est insignifiant, et il part à tapis contre le taré qui relance tous les coups en face de lui. Problème: Vilain call et retourne une double paire floppée, qui bat les As de notre ami. Celui-ci se retrouve brutalement éjecté du tournoi de sa vie. Car c'est le tournoi de sa vie, n'en doutez pas un seul instant. Il est à Las Vegas pour la première, et peut-être dernière fois de sa vie. Avant de venir, il a passé des heures à rêver à ce qu'il allait faire si jamais il entrait dans l'argent, ou mieux, s'il arrivait dans la short-list, ou en table finale.... pourquoi ne pas réitérer l'exploit d'Antoine Saout ?
Tout s'écroule en un instant, et, alors que le malheureux s'apprête à quitter la table, retenant ses larmes, un micro encapuchonné de mousse surgit au-dessus de sa tête, et l'objectif d'une caméra fait le point sur ses yeux humides.
Bienvenue en enfer, mec. T'auras au moins une histoire de bad-beat à raconter, à ton retour.

Pendant le deuxième break, je retrouve Kinshu (ClubPoker) et Richard (EverestPoker) au lounge d'Everest, en plein séance de massage sur fauteuil:




J'ai essayé il y a quelques jours, c'est juste énorme - j'entends déjà pouffer tous ceux avec qui j'ai eu au moins une conversation: "juste énorme" est mon tic de langage favori. En bref, c'est grave bien -je la sors moins souvent- bien qu'un peu brutal, parfois. Selon l'expression de Kinshu: "Dis-donc, j'ai l'impression qu'un poing essaie de rentrer là où il ne devrait pas." Juste à côté de lui, Richard prend son pied en travaillant. "J'en veux un" sont les seuls mots qu'il parvient à articuler, tandis qu'il tape sur son clavier d'ordinateur.

Retour dans l'Amazon Room, ma championne du monde préférée est dans la place: Vanessa Hellebuyck est de retour à Las Vegas, accompagnée de son mari, ses enfants et son frère, et joue pour la première fois le main event des WSOP. Je lui demande avec un grand sourire comment s'est passé son séjour à Paris, après qu'elle ait fait vibrer le Pavillion du Rio. "J'ai passé quinze jours au téléphone" m'avoue-t-elle avec un soupir. Visiblement, la nouvelle détentrice d'un bracelet WSOP a enchaîné les interviews, propositions diverses et variées.... "Je leur ai demandé à tous de me fiche la paix pendant quinze jours, jusqu'à la fin des WSOP."




Je n'ose pas vraiment imaginer ce à quoi Vanessa a dû faire face à son retour, tant la performance accomplie fut belle. Je lui trouve d'ailleurs quelque chose de changé: elle est beaucoup plus sérieuse qu'il y a deux semaines, j'espère seulement que l'effet overdose-de-médias ne nous l'aura pas métamorphosée. Si c'est le cas, la Vanessa insouciante qui rigole tout le temps me manquera.

Une heure avant la pause dîner, je suis moi aussi allé faire un tour dans le lounge Everest: l'appel de leur fauteuil de massage était irrésistible, par conséquent je n'y ai pas résisté. Je me suis mitonné un petit programme de quinze minutes de relaxation qui m'a fait le plus grand bien. Cela ne vaut certes pas un massage californien, mais c'est à l'oeil. Et je peux vous dire que quand on trouve un truc gratuit à Vegas, on en profite, voui M'sieurs-Dames.




Le départ au dinner-break lors du main event est toujours un moment surprenant. La cohue générée par l'annonce de la pause me rappelle invariablement l'entrée du champ de foire situé non loin de mon école primaire, quand j'étais gosse: tous les jeudi matin, un marché de bovins avait lieu, et environ 2,000 vaches, veaux, boeufs et génisses de tout poil étaient vendues en quelques heures chaque semaine, ce qui générait un embouteillage systématique à l'entrée du corral. Ici, c'est un peu pareil, mais à l'envers: on veut sortir, pas entrer, et il est donc préférable de sortir de la salle quelques minutes avant (ou après) l'annonce de la pause, si l'on est comme moi un peu agoraphobe.

Je suis allé dîner avec Vanessa, Franck (son mari), Cyril (son frère), et Emilie, qui est revenue à Vegas dimanche soir pour s'occuper des vidéos. Cyril avait eu la bonne idée de réserver une table au Sao Paolo Café du Rio, où nous avons pu discuter tranquillement avant d'être servis.

Peu après le dinner-break, Guillaume Darcourt a été éliminé, ce qui signe la fin de ses WSOP 2010.

Dans une heure, le day 1b sera terminé. Environ un tiers des inscrits auront été éliminés, les autres reviendront le 9 juillet pour jouer leur jour 2. Quant à moi, je serai absent du Rio demain: premièrement, aucun joueur estampillé Poker770 ne joue, et ensuite, je suis invité à un mariage: celui de Guillaume Darcourt et Caroline, qui se déroulera à Little White Chapel, sur Las Vegas Boulevard, demain. C'est sans doute la première fois que j'assisterai à un mariage habillé d'un ensemble jean-t-shirt-baskets...




Little White Chapel

Peep Show

Il s'en est passé, des choses, depuis trois jours... Lors de mon dernier post, je m'apprêtais à me rendre à un barbecue organisé par Guillaume et Caroline Darcourt. Je m'y suis rendu après avoir rejoint Mickaël Sebban au Bellagio, et je ne vais pas entrer dans les détails, mais la soirée fut mouvementée - en gros, après un excellent T-Bone steack-gratin dauphinois, la terrasse s'est transformée en champ de bataille. Bataille de cake, oeufs, ketchup..... vous avez probablement vu quelques photos à ce sujet sur facebook.

Je me suis bien entendu retrouvé tout habillé dans la piscine. Bilan: un Iphone et un Virgin Mobile H.S.
Le virgin mobile, je m'en fiche un peu: c'est un téléphone Américain prépayé, que j'ai acheté à mon arrivée ici pour éviter de trop appeler depuis mon téléphone français ce qui aurait pu me coûter un bras, environ.

Le lendemain, opération séchage: j'ai suivi les conseils des gens qui connaissent des gens qui connaissent des gens qui ont été confrontés à la même situation que moi, à savoir un Iphone dans la flotte. Pour ces gens-là (je parle des gens que les gens connaissent, par gens interposés), tout se passe toujours bien: apparemment ils ont tous récupéré leur(s) Iphone(s) en bon état, après avoir pris le temps de les sécher - certains au sèche-cheveux, d'autres au soleil, toute les méthodes sont bonnes.
Et devinez quoi ? Après 24h de séchage, je suis le seul dont l'Iphone de redémarre pas. FML.
J'ai passé une partie de l'après-midi à la piscine du Bally's, j'en ai donc profité pour faire sécher l'Iphone au soleil. De retour à ma chambre, j'ai continué l'opération séchage, avec le sèche-cheveux cette fois-ci.
Résultat: Rien. Nada. Des clous.

Plus tard dans l'après-midi, je me suis rendu rapidement au Rio, non sans être passé dans un Walgreens pour investir dans un autre téléphone US. Autant que je sois joignable sur Vegas, on gérera le reste plus tard. Ce jour-là, Ludovic Lacay n'est pas passé loin de l'exploit: il a réalisé une magnifique quatrième place lors du $10,000 Pot Limit Hold'em, après avoir été longtemps chip leader de la table finale.

J'ai ensuite rejoint les autres au Planet Hollywood, non sans mal: l'esplanade du Planet était bondée de badauds qui attendaient fébrilement le feu d'artifice de l'Independance Day, créant un mur humain compact difficile à traverser. Nous étions une dizaine à être invités par Guillaume pour aller voir le spectacle "Peep Show", qui, comme son nom l'indique, est un spectacle de cabaret avec plumes, costumes, décors et seins nus. Le spectacle était excellent, bourré d'humour, et la présence de Holly Madison en guest star ne gâche rien.




Holly Madison

La meneuse de revue a une voix exceptionnelle, et même si le fil conducteur est plus que mince, et la trame artistique carrément absente, on passe un excellent moment en compagnie de Josh Strickland (chanteur principal), Cheaza (meneuse de revue) et toutes leurs danseuses.
Nous avons continué la soirée au P.F. Chang's - le même resto où nous avions fini le soir de la victoire de Vanessa - et j'ai laissé toute l'équipe devant une table de Craps, avant de rentrer au Bally's.

Le lendemain, journée feignasse: j'ai décidé de regarder un ou deux films que j'avais envie de voir depuis longtemps, je suis allé me chercher un double bacon burger chez Nathan's, dans la galerie marchande du Bally's, avant de mater d'autres films... une journée pour rien, quoi, mais j'en avais envie.

Et me voilà de retour au Rio: aujourd'hui se joue le day 1B du main event des WSOP, l'épreuve que tout le monde attend, à $10,000 de buy-in. La journée sera longue: les joueurs ont commencé à midi, et joueront jusqu'à 23h30 ce soir, le temps pour moi d'écrire le prochain article.

dimanche 4 juillet 2010

Blitz-Krieg

Pour aujourd’hui, ce sera un passage éclair au Rio, en ce qui me concerne. J'étais venu pour couvrir Michaël Sebban dans le day 2 du $2,500 No Limit Hold’em, mais il a sauté après une demi-heure de jeu: il a engagé l’intégralité de ses jetons dans un coup où il était favori 70% du temps, mais les dieux du poker ont décidé qu’il serait favori une autre fois.

Si vous avez lu mon post d’hier, vous vous souvenez probablement que j’avais comme projet de profiter de la piscine du Bally’s ce matin, avant de retourner bosser au Rio l’après-midi. Seulement, entre le moment où j’ai écrit cela et le moment où je suis rentré au Bally’s, est survenu un impromptu: mon pote Kinshu a montré son nez pointu dans l’Amazon Room. Il a quitté Paris pour venir couvrir le main event des WSOP pour ClubPoker, et, après un périple qu’il racontera probablement lui-même en guise de préambule, il a fini par atterrir sur l’estrade de presse du Rio. Cela faisait un moment que l’on ne s’était pas vus, on a donc bu un –plusieurs- verres au Bar du Rio, jusqu’à ce que le jour se lève.

Notre discussion nous a naturellement amenés à discuter du bordel occasionné par l’ouverture de marché Français au poker en ligne, et des hérésies de l'Arjel, et tout ce que cela implique (augmentation du rake dûe à la taxe de 2% imposée par l’état, mais aussi dûe à l’avidité des poker-rooms, restriction du field online puisque les Français ne pourront désormais jouer qu’entre eux) et j’ai réalisé pendant cette conversation que nous vivons tout cela de très loin, vu d’ici: on parcourt les forums internet, on suit les articles qui parlent de la grogne des joueurs Français, des volontés de boycott des tables de cash…
Le Français étant par nature plutôt grognon – il suffit de voir comment les mois de septembre sont invariablement gangrénés par les grèves en tout genre, chaque année que dieu fait – je ne m’étais pas plus affolé que cela, en lisant tous les article parus ici ou . Pourtant, force est de constater que l’hexagone subit une mini-révolution pokeristique en ce moment. Et nous ne l’avons même pas vue, nous autres exilés à 9,630 km de là, fous que nous sommes.

Kinshu est venu accompagné de Gab-x, qui sera chargé du coverage vidéo pour Club Poker, et que je rencontrais pour la première fois hier soir. Au bout d’un moment, la conversation a forcément dérivé vers le cul : nous étions entre mecs, un verre d’alcool à la main, au beau milieu de Sin City, la ville par excellence où les strip-clubs sont rois. De plus, ces deux-là sont arrivés pile au bon moment: un vendredi soir, il n'y a pas mieux pour observer la faune de bombasses Vegassiennes qui envahissent le Strip et les bars des casinos, en s’injectant de la Margarita par intra-veineuse, pour finalement se diriger en vacillant sur leurs talons démesurés vers l’ascenseur qui les ramènera enfin vers leur chambre. Je vous jure qu’il y a de quoi se marrer.
Vous qui n’êtes jamais venus à Las Vegas, devez réaliser une chose : les Américains qui viennent ici en week-end considèrent leur séjour comme une sorte de Spring Break en accéléré : l’absorption d’alcool se fait en doses astronomiques, et si le côté sexe débridé se joue en huis-clos et pas sur une plage Mexicaine, il est bel et bien présent. La légende qui veut que la belle se réveille dans une chambre d’hôtel avec une bague au doigt et un inconnu affalé à ses côtés n’est pas si chimérique que ça: cela a dû arriver des centaines, des milliers de fois, ici.

A Las Vegas, on peut se marier sous l’égide d’Elvis Presley, ou bien en hélicoptère, ou encore en Drive-In (sans sortir de sa voiture, comme au McDo, véridique) pour les gens pressés.

Pour un prix oscillant entre $300 et $500, vous pouvez acquérir un «marriage package», comprenant l’utilisation de la chapelle, la rémunération de l’officiant, et les papiers administratifs. Cela ouvre donc la porte à toutes sortes de fantaisies : on est bourrés, on n’a qu’à se marier, ça va être marrant, lollilol, burp.
Heureusement, certains couples viennent à Las Vegas pour se marier vraiment, par amour, pour célébrer leur union avec leur famille et leurs amis, réalisant ainsi une sorte de rêve. Dans les mêmes chapelles que les pseudo-couples alcoolisés cités plus haut, chapelles qui sont légion à Las Vegas. Cela doit équilibrer les choses, j’imagine.

Kinshu, Gab-X et moi avons fini par nous entasser dans un taxi vers 5h30 du mat’. Ils m’ont laissé devant le Bally’s, où j’ai retrouvé Jamel. Il avait bu un coup aussi, et nous avons réussi à tenir une discussion de mecs pseudos-bourrés pendant presque une demi-heure, avant de nous écrouler.

J’avais programmé mon réveil à midi, pour profiter de la piscine du Bally’s une heure ou deux avant de revenir au Rio, mais j’ai finalement préféré la douceur de mes oreillers à la perspective de comater sur un transat en plastique.

Il est 17h30,et je m’apprête à rentrer au Bally’s: le seul joueur que je suivais aujourd’hui a sauté – d’après son dernier texto, il est au MGM, devant le spectacle de David Copperfield. La seule raison qui me pousse à rester : Ludovic Lacay est chip-leader du tournoi de Pot Limit Omaha à $10,000 de buy-in, et il ne reste plus que 25 joueurs. La journée va être longue, puisque qu’ils ne s’arrêteront que lorsqu’ils tiendront un gagnant – cela pourrait se terminer au petit matin, voire plus tard. J’ai demandé à Harper de m’envoyer un texto quand la table finale sera proche, je reviendrais pour assister à cela. La perspective d’un deuxième bracelet WSOP Français – et surtout la dernière chance pour cet été avant le main event – fait de ce tournoi un évènement immanquable.

Ludovic "SirCuts" Lacay, dans le $10,000 PLO

En attendant, je ne sais pas trop ce que je vais faire. Piscine? Why not, j’ai vraiment envie de me plonger dans un bon bouquin, allongé sur un transat. Cash-game? Mouais, j’ai fait une seule et unique cession ici, perdante. Shopping? Non, pas le courage. J’irais à l’Outlet center une autre fois. Par contre, il n’est pas exclu que je fasse un petit tour par le Mall du Caesar Palace. Je vous raconterai ça demain.

EDIT: je viens de recevoir un message de Caro sur skype, qui dit en substance "Barbecue à la villa ce soir, viens"

Ok, j'arrive.

samedi 3 juillet 2010

Feed Your Wild Side

Ce début de journée ressemble fort à une gueule de bois, bien que je n'en ressente pas les effets physiques: la fin de soirée a été plutôt calme, hier soir. Mais je reviens aujourd'hui au Rio avec un effet de brusque retour à la réalité, après la fièvre qui nous a consumés hier, lorsque Guillaume a frôlé l'exploit. C'est très frustrant de voir tout le monde continuer à vivre normalement après ça, comme si de rien n'était, alors qu'il a, dans le même temps, réussi une magnifique performance et loupé la consécration ultime d'un joueur de poker... Je dois bien l'avouer, l'effet est d'ailleurs plutôt pervers, mais je lui en voulais un peu, hier soir. Pas beaucoup, et certainement pas autant qu'il s'en voulait à lui-même, mais il n'y a rien à faire, quand votre joueur vous emmène avec lui dans sa course au titre, vous ne pouvez pas vous empêcher de lui en vouloir quand il s'arrête à quelques mètres de la ligne d'arrivée.

Ce sentiment a rapidement été oublié, bien sûr, au vu de la performance accomplie, d'autant que Guillaume et Caro nous ont invités chez eux, ont sorti les bouteilles, et nous avons passé un moment très agréable sur la terrasse, près de la piscine, à refaire la finale, le tournoi, le monde... Ce genre de debriefing permet souvent de faire passer la déception à un plan relatif, et oblige à se recentrer sur ce qui reste à venir: en l'occurrence, le $2,500 No Limit Hold'em d'aujourd'hui, pour commencer. Moins de 24h après sa troisième place dans un tournoi des WSOP, Guillaume rattaque le bousin, redémarre avec une cave de 7,500 jetons. Et pour y retourner dans de bonnes conditions, il avait besoin de faire le point, ce qu'il a pu faire hier, entouré de sa famille et de ses amis.

J'ai pour ma part choisi d'assumer un rôle que je n'aime pas. Hier soir, je me suis senti obligé d'expliquer à Guillaume pourquoi sa tâche en table finale aurait été ardue, quoi qu'il arrive, même s'il n'avait pas fait d'erreurs: ses deux adversaires étaient tout simplement plus forts que lui. Il l'avait déjà compris, et admis, et au lieu de se braquer comme je l'aurais certainement fait si j'avais été à sa place, il y a trouvé une opportunité pour travailler son poker, se remettre en question, et revoir les coups qui ont suivi son retour à la table après le dinner-break.
"Je ne serais probablement jamais un technicien affuté comme toi" disait-il hier soir à Stephan Gérin, "parce que je fais partie des joueurs qui fonctionnent aussi à l'instinct. Je peux certainement faire progresser mon bagage technique, mais j'aurais du mal à faire taire mon côté instinctif." C'est probablement aussi pour cette raison que Guillaume est tellement décrié au sein de la communauté des joueurs Français: les coups d'extra-terrestre qu'il assène parfois à ses adversaires ne font pas partie des écoles actuelles du poker, sont parfois difficiles à expliquer, et mathématiquement non rentables sur le long terme. Mais c'est son style de jeu, il s'éclate en le pratiquant, et il y a des soirs où je l'envie beaucoup d'avoir ce détachement.
J'en serais tout bonnement incapable.

La soirée s'est tranquillement terminée chez les Darcourt, avec un passage potentiellement comique: Katherina, l'adorable conjointe de Christophe Benzimra, s'est mis en tête de m'apprendre comment boire de la vodka sans ressentir les effets de l'alcool. Enfin, je devrais plutôt dire: pour retarder les effets de l'alcool. C'était assez ludique. Non, je ne vous livrerai pas sa méthode, z'aviez qu'à être là.

Christophe Benzimra m'a ensuite déposé au Bally's vers 3h du matin, et quelques minutes plus tard, je ronflais.

Vers 16h, je suis revenu au Rio pour couvrir l'avant-dernier tournoi des WSOP: une épreuve de No Limit Hold'Em à $2,500 de buy-in, qui avait réuni 1,088 joueurs l'année dernière. Cette année, ce tournoi en attire presque le double.

On sent que le Rio se remplit jour après jour. Avec l'imminence du main event, qui rassemblera plus de 6,500 participants, les joueurs arrivent à Las Vegas par fournées entières, et l'ambiance s'électrise un peu. Les World Series Of Poker sont à quelques jours d'entamer leur dernière ligne droite, jusqu'à leur déclin qui commencera dans la deuxième quinzaine de juillet, pour se terminer tout à fait le 18 juillet, jour où nous atteindrons la table finale du main event. les couloirs du Rio auront déjà commencé à se vider graduellement, pour être alors complètement déserts. Les neuf derniers joueurs - et tous les fans de poker - devront ensuite patienter plus de trois mois pour connaître la fin de l'histoire: comme chaque année depuis deux ans, ESPN impose une table finale décalée en novembre, pour des raisons de suspense télévisuel. Cela leur laisse le temps de monter et diffuser toutes les émissions dont ils auront réalisé le tournage pendant les WSOP, avant de retransmettre la table finale. Cela tue la dynamique du tournoi, bien entendu, mais qu'est ce que ça vaut, face aux exigences d'ESPN ?

D'ailleurs, puisqu'on parle de sponsors, en voici un que je ne m'explique pas: le plus gros sponsor des WSOP - du moins celui qui est le plus présent visuellement - s'appelle Jack Link's, et distribue... de la viande de boeuf séchée.
Je pense pouvoir dire sans trop prendre de risques qu'il s'agit d'un produit qu'on ne trouve pas dans toutes les cuisines, même aux Etats-unis. Et pourtant, Jack a dû débourser une belle somme pour s'offrir une omniprésence pareille sur les WSOP. Son slogan "Feed Yout Wild Side" (Nourrissez Votre Côté Sauvage) correspond assez bien à la plupart des joueurs de Poker que je connais, pour être tout à fait franc, mais j'ai goûté au produit, et je peux vous dire que je n'ai pas été particulièrement emballé - et mon côté sauvage non plus, d'ailleurs. En 2009, l'année où Jack Link's a signé son premier contrat de sponsoring avec Harrah's pour les WSOP, une promotion nommée "Stacked Jacks Go Wild" a été lancée pendant le main event: si un joueur touchait un carré de Valets (Jacks en Anglais) il recevait un lot de viande de boeuf séchée Jack Link's, pour une valeur de $100. A quoi Daniel Negreanu aurait répondu que tant que Jack Link's ne proposerait pas de boeuf séché végétarien, ils pourraient refiler son lot à quelqu'un d'autre.



J'ai vraiment hâte d'attaquer la couverture du main event. Je ne peux m'empêcher de considérer tous les tournois qui précèdent comme des préliminaires. Savamment distillés, avec tout leur potentiel émotionnel et parfois -souvent- explosif, mais juste des préliminaires. Il suffit d'ailleurs d'observer l'ambiance qui règne au Rio: la tension augmente jour après jour, les conversations sont axées autour du main event, il y a de plus en plus de gens qui déambulent dans les couloirs situés entre Amazon et Pavillon Room, les poker-room online ont ouvert leurs lounges.... tout est prêt pour recevoir le mega-donkament de l'année, le tournoi auquel tout joueur de poker rêve de participer, encore plus depuis qu'Antoine Saout a perfé l'année dernière.

Thomas Fougeron m'a dit un jour que le fait d'entendre Jack Eiffel prononcer le "Shuffle Up And Deal" rituel des débuts de tournoi valait à lui seul les $10,000 de buy-in... Thomas a toujours aimé les phrases grandiloquentes, mais je crois que j'arrive presque à comprendre ce qu'il a voulu dire: lorsque Jack Eiffel prononce ces quatre mots, et que les croupiers distribuent la première main, un silence brutal s'abat sur la poker-room, pour ne laisser la place qu'à un seul bruit, assourdissant celui-là: le bruit des jetons qui s'entrechoquent, maniés par les joueurs. Invariablement, un frisson court le long de ma nuque à ce moment précis, alors que j'y ai toujours assisté en spectateur. C'est dire ce que doivent ressentir les joueurs, quand ils y participent pour la première fois.

Alors que je check mes mails, je lis celui que Seth Palansky vient d'envoyer à tous les bloggueurs accrédités: il semblerait que les WSOP 2010 aient battu un record de participation. Le main event n'a pas encore eu lieu, et pourtant le Rio a déjà reçu plus de joueurs que l'année dernière: 63,706 gambleurs sont déjà passés par le bureau d'inscription du Rio, générant un prize-pool total qui excède les 100 millions de dollars. Ce sont des chiffres tellement énormes que j'ai du mal à les appréhender, en fait. Fin de la parenthèse statistique.

Vers 23h30, Guillaume Darcourt est éliminé de l'event #56. Il passe alors à la caisse du Rio pour retirer ses gains de la veille, et c'est là que j'ai eu l'occasion (pour la première fois de ma vie) de tenir $200,000 en cash dans mes mains. Et vous savez quoi ? Quand Guillaume m'a dit presque négligemment "Manu, tiens-moi ça une seconde s'il te plait" (bon, d'accord, il ne l'a pas tout à fait dit comme ça), mon premier réflexe a été de refuser. Je ne m'explique pas pourquoi. C'est juste de l'argent, ça ne va pas me faire du mal - du moins pas tout de suite, surtout s'il ne m'appartient pas - et je ne risque pas de le perdre, à priori. Pourtant, j'ai gardé les quatre énormes liasses de Franklin moins de cinq secondes dans les mains, ce qui a bien fait marrer Guillaume, d'ailleurs...



Guillaume Darcourt juste après être passé à la caisse

Les deux semaines qui s'annoncent risquent d'être éprouvantes: Guillaume nous prépare une soirée de derrière les fagots pour fêter sa performance, et dans la foulée le main event commencera. Les soirées vont se succéder sur le strip le soir du 4 juillet, pour la fête nationale Américaine, et les derniers qualifiés Poker770 débarqueront à Las Vegas le 6 juillet. Guillaume et Caro (encore eux) se marient le 7, mes qualifiés jouent le main event le 8... Il y a un day off le 11, qui sera occupé à jouer le tournoi des medias, et ensuite on ne s'arrête plus jusqu'au 18, date du retour à la maison, en ce qui me concerne. Je crois que la matinée de demain sera consacrée à la piscine, un bon bouquin dans une main, et un verre dans l'autre.




Quizz du jour:Derrière un de ces deux hoodies se cache Michaël Sebban, lequel ?

jeudi 1 juillet 2010

C'est pas passé loin

Ce matin, alors que je m'installe sur l'estrade presse du Rio, mon Skinny Vanilla Latte -Starbucks saved my life- a un goût de paradis.
La nuit a été courte: j'ai réussi à dormir quatre heures avant que mon téléphone sonne et me tire du néant, et il m'a été impossible de me rendormir ensuite. La faute m'en incombe: je n'avais qu'à l'éteindre avant de me coucher. Je me réveille donc en sursaut, de mauvais poil, et quand Jamel Maistriaux (mon room-mate, cf posts précédent) essaie de me parler, il n'obtient en retour qu'un vague grognement irrité. J'imagine qu'à cet instant précis, vu de l'extérieur, je dois ressembler à un ours à la pilosité contrariée, albinos de surcroît, qui tenterait de sortir d'une longue hibernation.

Arrivé au Rio, je me prends un copieux petit déj': Vanilla Skinny Latte, Blueberry Muffin et Apple Danish. Tout dans les poignées d'amour, ça, c'est fait.

En passant dans le corridor principal, je ne peux m'empêcher de remarquer que Phil Hellmuth a ouvert son lounge. Ou tout au moins un lounge qui porte ses initiales, mais pas que: environ 110 kg de bombasse vous accueillent à l'entrée, c'est d'ailleurs une des deux raisons qui fait que je suis resté dehors.




L'autre raison pour laquelle je suis resté dehors? Je ne suis pas V.I.P. Le grand garçon en costume sombre et lunettes noires planqué derrière le comptoir d'accueil m'aurait probablement arraché un ou deux doigts avant de me demander gentiment de sortir, si j'avais seulement osé poser un orteil sur la moquette du lounge.



D'ailleurs, un horrible doute m'assaille. Juste en face des bombasses sus-citées, je remarque qu'il y a un banc, tout ce qu'il y a de plus banal, me direz-vous. Sauf que sur ce banc, se trouve un homme endormi:



Du moins, je pense qu'il est endormi. J'espère. Imaginons juste un instant que lui ait essayé d'entrer: le costume noir s'est peut-être occupé de son cas, et l'aura laissé là, à l'état de légume... Brrr. Passons.

Quelques heures plus tard, Guillaume Darcourt se retrouve en table finale du WSOP $3,000 Triple Chance NLHE. Il compte 1,500,000 jetons, et a une vraie chance d'aller décrocher le bracelet tant convoité.




La table finale du WSOP $3,000 Triple Chance NLHE

Le rêve semble accessible: après les deux premières heures de jeu, ils ne sont plus que six, et Guillaume Darcourt est bien pourvu en jetons. Les railbirds français sont là pour l'encourager:




En début de soirée, le field est réduit à quatre joueurs, et Guillaume est chip leader avec près de 40% des jetons du tournoi. Patrick Bruel et David Benyamine viennent l'encourager à ce moment-là: un deuxième bracelet Français est désormais tout à fait possible.

Les heures qui suivent sont un enfer: Guillaume doit se défendre contre deux sharks issus de la toile: Ryan "gutshtallin" Welch et Jon "sketchy1" Eaton. Guillaume doit faire face à des coups savamment joués, des relances finement dosées, et finit par rendre les armes quand Jon Eaton touche sa quinte flush au turn, alors qui Guillaume a sur-relancé à tapis avec la deuxième paire, au flop.
Guillaume signe ici sa meilleure performance en terme de gains, après sa victoire lors du WPT de Bucharest, en avril dernier. Nul doute que le français est désormais bien implanté sur le circuit international, et qu'on le reverra prochainement dans les short-lists des plus grands tournois.



J'adore cette photo: elle a été prise par mon pote Jules Pochy, Made In Poker

La journée a été longue, et intense: j'ai la nette impression d'un coït interruptus quand Guillaume est brusquement éliminé du tournoi. C'est dur, même si la performance est énorme: je n'ose même pas imaginer ce que ressent Guillaume. En ce qui me concerne, une enclume s'abat sur mes épaules, et j'ai du mal à dissimuler les larmes qui me montent aux yeux quand je retourne sur l'estrade média, en trainant des pieds: dans les prochaines minutes, je vais devoir faire ce que je déteste: raconter comment un de mes joueurs a sauté. Je bâcle rapidement l'article sur le blog de la Team770, comme si le fait de l'écrire vite allait changer quelque chose. Le bracelet était si proche, là, tout près, il pouvait presque le toucher.... fait chier. Mais la performance est tellement belle...

Je finis de taper mon post quotidien dans la villa de Guillaume et Caro, alors que le champagne pétille dans les verres, et que l'on discute de la journée, et des palmarès respectifs de chacun. Il faut dire qu'on en a une paire, de palmarès, réunis au même endroit.... il faut d'ailleurs que je vous laisse, on me traite de geek incapable d'apprécier un bon moment, je me dois de leur prouver qu'un reporter aussi sait descendre une vodka cul-sec. A demain.