Finale du Barrière Poker Tour – 15 novembre, Enghien
Pas grand-chose à dire à propos de la finale du Barrière Poker Tour, qui s'est déroulée le week-end du 13-14 novembre à Enghien les Bains: j'y étais avec Cyrille Lefranc, qui a pris en charge les photos officielles. Pour ma part, je me suis occupé des photos destinées à la page FaceBook de Barrière Poker. Et c'est bien cela qui m'a troublé: ces trois dernières années, j'ai pris pour habitude de couvrir les évènements en texte et photos, parfois en vidéo.
A Enghien, je n'ai eu que quelques photos à prendre, réparties sur tout le week-end. Ceci dit, heureusement que Cyrille était là, car le pack de photos officielles dont il s'est chargé demandait un bagage technique que je n'ai pas encore acquis. On va y venir, tout doucement.
La partie «casting» du BPT a été un vrai plaisir: une soixantaine de candidats au poste de «Joueur Barrière de l'année» étaient présents, et ont commencé le casting en s'écharpant joyeusement lors d'un tournoi en double shoot-out, à la structure digne d'un abattoir industriel. L'on a d'ailleurs pu assister à quelques scènes d'un haut potentiel comique, comme celle lors de laquelle un joueur excédé a quitté la poker-room en hurlant "Mais quelle chattarde! Quelle chattarde!" en parlant de Sabrina Derdar. Laquelle, haussant les épaules d'un air fataliste, a préféré ne pas relever. "Ah non", corrigera d'ailleurs une de ses amies, depuis le rail des spectateurs, "lorsqu'il s'agit d'une femme, on dit qu'elle a 'bitté', pas 'chatté', remettons les chose à leur place, tout de même."
De ces sit'n go ont émergé seize élus, qui sont revenus le lendemain pour une épreuve écrite: un questionnaire regroupant de la connaissance générale du poker, des stats, probas, etc...
Les seize ont ensuite disputé une série de heads-up - notés par les pros de la Team Barrière - à l'issue desquels huit profils ont émergé. Enfin, les huit derniers sont passés tour à tour devant un jury composé de diverses personnalités, jury qui a fait connaître son choix quelques heures plus tard.
L'heureux élu fut donc Adrien Allain, qui fut appelé devant la foule lors d'un break de la table finale du main event. Je peine à imaginer ce qu'a ressenti Adrien: après un deep-run dans le main event, il venait d'être éliminé suite à une rencontre face à Vikash Dhorasoo, alors qu'il possédait un des plus gros tapis du moment: horrible déception, frustration, colère.
Juste après, il apprend qu'il décroche un sponsoring de €120,000: joie, élévation, fête.
C'est probablement l'accumulation de ces sentiments mitigés qui a généré cette émouvante prestation: lorsque Lucille Denos, responsable poker chez Barrière, a fait venir Adrien pour qu'il prononce quelques mots, ce dernier a prononcé d'une voix minuscule qu'il était très content, son visage restant de marbre, semblant complètement dépassé par les évènements, et visiblement touché. C'est aussi pour ces moment-là qu'on fait ce métier: constater qu'un joueur tel qu'Adrien, qui possède une poker-face plutôt élaborée, éprouve en fait les mêmes sentiments que vous et moi...
WPT Marrakech - 20 au 30 novembre
Depuis presque deux ans que je suis retourné à mes racines, au beau milieu de la campagne Charollaise, la procédure pour me rendre à l'aéroport est un tout petit peu plus compliquée qu'avant: je dois prendre ma voiture pour me rendre à la gare locale, d'où un TER m'embarque pour la gare de Lyon-Part Dieu. De là, je saute dans le Rhônexpress, la toute récente ligne de tramway qui me conduit à l'aéroport Saint Exupéry en une demi-heure.
Quelques heures plus tard, je me retrouve avec Jaybee et Xav13 du ClubPoker, à marchander le taxi pour me rendre au Golden Tulip, hôtel de Marrakech dans lequel sont logés tous les reporters et les croupiers, situé à quelques encablures du Es-Saadi. Dès notre arrivée, le lobby semble avoir été trusté par le ClubPoker: Laurent, Comanche, FCP, Piercy, SuperCaddy - pour ne citer qu'eux - sont en train de récupérer leurs clés. Rapidement, nous devons faire face à une terrible réalité: pas de connection internet dans les chambres. Gloups. Mon âme de geek frémit encore au souvenir de l'annonce de cette nouvelle, et de fait, les sièges et canapés du lobby sont bourrés de types qui tapotent sur le clavier de leur portable, la seule connection wi-fi disponible étant au rez-de-chaussée de l'hôtel.
Rapidement, on retrouve les automatismes: aller récupérer sa carte de presse auprès des autorités compétentes – en l'occurence, Ophélie de ChiliPoker – puis aller voir les copains, qui sont là depuis quelques jours déjà. Au passage, on en profite pour féliciter Ronan « roroflush » Monfort, qui a fait une belle place payée de plus, en finissant 5ème du Deep Stack Open, et mon collègue Harper, qui a fini 9ème du même tournoi, devenant ainsi mon nouveau héros ordinaire.
Table finale du DSO
Dès le lendemain, l'épreuve à laquelle je me suis préparé ces derniers jours est programmée pour 15h30: Hugues et moi avons rendez-vous avec Liz Lieu pour ce qui sera une longue interview, destinée au numéro de décembre du magazine That's Poker. Trois heures et demie plus tard, j'e sors de là rincé, l'esprit bouillonnant d'informations à trier: il s'agissait de toute première interview intégralement en Anglais, ce qui n'était pas pour me faciliter la vie, et Liz possède un caractère enthousiaste, à la limite de l'hyper-charisme. Durant toute l'interview, il m'a été presque impossible de conserver le détachement nécessaire à tout reporter, tant cette jeune femme dégage de sympathie et de joie de vivre.
Le soir, Hugues et moi la retrouvons dans le lobby du Palace Es-Saadi, et nous nous laissons embarquer par Alexandre Dreyfus, qui a organisé une excursion au coeur de Marrakech, au restaurant Le Foundouk. Trois taxis sont réservés, pour un groupe plutôt disparate: en plus du staff ChiliPoker au grand complet, sont présents Steven de Made In Poker, Laurent et FPC de ClubPoker, Matthias de Poker Actu, un mec du mensuel « Entrevue » accompagné de sa copine Anglaise un peu gothique, qui se dit chanteuse. Perdus au milieu, deux lecteurs d'Entrevue qualifiés pour le DSO, qui ont passé ces quelques jours en compagnie de Jennifer Favier, nièce d'une grande blonde éponyme qui zozote, participante à l'Ile de la Tentation pour l'un, tanids que l'autre était accompagné de Virginie Caprice. Si, si, vous avez probablement déjà vu Virginie Caprice, souvenez-vous en cliquant ici.
Le Foundouk est un lieu étonnant: situé en plein quartier résidentiel de la ville, les taxis nous y ont emmenés en passant par des rues minuscules, soulevant parfois la poussière du sol en terre battue, rasant les vélos et les scooters. A l'arrivée, le groupe est pris en charge par des employés du restaurant, qui nous dirigent vers la porte d'entrée. L'intérieur offre un contraste incroyable avec la rue: haut de plafond, des tables massives en bois, une déco travaillée, et une double carte, Marocaine et Française, et une cave de vins à tomber.
Après un dîner balla – comprenez apéro au champagne, Pouilly Fumé pour accompagner l'entrée et Saint Julien pour le plat principal, nous sommes tous retournés au Es-Saadi. Cette soirée fut la bienvenue: je savais que le lendemain serait consacré au debriefing de la bande audio et des notes prises pendant l'interview de Liz, et j'avais besoin de prendre du recul et de me vider la tête. En ce sens, le Pouilly m'a bien aidé.
Les deux jours suivants furent consacrés à la rédaction de l'article, que je devais envoyer le 25 novembre au plus tard à That's Poker, qui était en bouclage tardif du numéro de décembre.
Je m'étais promis une journée off, pour profiter des quelques 23-24° offerts par le soleil du Maroc en cette fin d'automne, et j'aurais bien aimé que ce jour de congé tombe au day 1A du WPT, histoire de dire que je bronze au bord de la piscine pendant que tous les copains travaillent, mais c'était sans compter sur ma bonne étoile, qui a décidé qu'il était temps pour quelques nuages en stationnement au-dessus de Marrakech de déverser leurs trop-plein d'eau. Sick. N'ayant rien d'autre à faire, exit le day off, direction la salle de presse.
Conséquence directe de la météo: la salle de presse, installée sous une grande tente à l'extérieur de la poker-room, se disloque presque sous nos yeux: le rapatriement se fait un peu dans la panique, et les reporters s'installent sur des tables de poker vides, à l'une des extrémités de la salle.
Tout comme à Enghien, j'ai un sentiment mitigé en m'installant dans cette salle de presse improvisée: là encore, je n'ai pas de coverage live à assurer, juste des interviews à prévoir et à préparer, un premier débriefing d'une entrevue avec Caroline Darcourt à faire, et des rendez-vous prometteurs avec des acteurs de la presse poker. Cela ne ressemble en aucun point à tout ce que j'ai pu faire ces trois dernières années, c'est à la fois excitant et déroutant: avant de partir à Las Vegas, en juin dernier, j'en étais peu à peu arrivé à la conclusion que j'étais condamné à raconter les même éternels coin-flips, cherchant juste une manière différente de dire que As-Roi avait envoyé Q-Q ad patres, mais il semblerait que ce ne soit finalement pas le cas.
Le reste du séjour va probablement se dérouler à l'image du day 1A: je vais continuer à jouer les useless sur le banc de presse, jusqu'à mardi. Ou pas.
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