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mardi 9 novembre 2010

Retour d'Amnéville

Je m'étais pourtant promis d'écrire chaque soir sur ce blog, pendant la durée du World Poker Tour d'Amnéville... Le problème, vous voyez, c'est que cette semaine – comme tous les journalistes présents d'ailleurs – je n'ai connu ni matin, après-midi ou soir: si je devais résumer ce que je retiens de cette semaine en Lorraine, je me suis contenté de dormir (un peu), bosser (beaucoup), manger (quand je pouvais) et subvenir aux besoins naturels dont dépend chaque individu normalement constitué.

Il faut dire qu'il s'agissait d'un gros challenge: la couverture de ce World Poker Tour était une grande première pour Hugues Fournaise et moi, et cela allait donner le ton à la direction qu'emprunterait River Tells. Nous nous sommes donc donnés à fond pendant ces cinq jours, avec l'assistance plus que bienvenue d'Aurélien Lafarge, avec qui j'ai partagé le côté rédactionnel, tandis que Hugues s'est chargé de la couverture photographique, aidé lui aussi pendant une journée par Cyrille Lefranc.

Le tournoi, dans l'ensemble, fut un évènement réussi. 543 joueurs ont pris part à la fête, ce qui constitue un record d'affluence pour un W.P.T. hors U.S.A, et la salle de presse a fait le plein: j'y ai retrouvé la plupart des copains. Le field a constitué un bon équilibre entre joueurs débutants et confirmés – la balance penchant toutefois du côté débutant – et nous eûmes notamment une journée 3 passionnante, lors de laquelle les set-up se sont enchaînés d'une manière inquiétante,

Côté vie pratique, je retiendrai beaucoup de choses de ce WPT:

Premièrement, tous les casinos ne sont pas habitués à organiser des tournois de cette envergure, ce qui entraîne des réactions parfois étonnantes de la part des dirigeants ou de l'équipe organisatrice.

Deuxièmement, la presse reste un organisme importun pour les casinos; il suffit de voir de quelle manière nos suggestions et commentaires - pas toujours enrobés de sucre, c'est vrai - ont été reçus par les organisateurs.

Enfin, ce tournoi a eu lieu dans un Casino ouvert depuis moins d'un mois (ceci explique probablement cela). Si les chambres de l'hôtel méritent probablement les étoiles qui leur sont attribuées (le buffet de petit déjeuner aussi, d'ailleurs, et je vous l'affirme en connaisseur), les restaurants du casino, en revanche, ont de gros progrès à faire aussi bien en terme d'accueil que de qualité de service, sans même parler de la finesse des mets proposés. Il semblerait que les serveurs ont émergé du sol au même moment que le casino, un mois auparavant, et qu'ils ont zappé toute la partie formation en restauration.

L'exemple le plus flagrant: le soir de la finale du W.P.T., Aurélien, Jooles, Kinshu, Harper et moi-même avions une heure pour nous restaurer, pendant le dinner-break, et nous nous sommes installés dans la partie 'buffet' du Casino: l'accès à ce buffet ne nous coûtait rien, puisque Hermance Blum, de PartyPoker, nous avait généreusement offert des tickets.

Les autres soirs, un buffet froid était à disposition, mais en l'occurrence – peut-être est-ce dû au fait qu'ils attendaient moins de monde – pas de buffet froid, ce soir-là. Une serveuse nous installe, et nous laisse le choix entre trois entrées, trois plats, trois desserts, parfait.

A peine installés, fort de notre expérience dans l'autre restaurant du casino, et bien décidés à ne pas nous faire avoir par le timing, nous indiquons que nous faisons partie du staff W.P.T., et que nous n'avons qu'une heure pour manger, la serveuse en prend bonne note.

Nous passons commande.

Vingt minutes plus tard, ne voyant rien arriver, nous nous rappelons au bon souvenir d'un serveur qui passe à ce moment-là. «Oui, je vais voir en cuisine» nous dit-il sans même s'arrêter. Il revient cinq minutes plus tard en demandant «Vous aviez commandé quoi, déjà ?»

Jooles commence à tilter, une bouteille de Bordeaux a déjà dégagé, et le temps imparti est désormais de 35 minutes. Nous lui rappelons la commande -et le fait que nous sommes pressés- et il repart, pour mieux revenir cinq minutes plus tard: «Désolé, nous n'avons plus l'entrée que vous avez commandée»

Le bad-beat continue. Le serveur nous apporte l'entrée disponible -une sorte de terrine- que nous expédions en moins de temps qu'il n'en faut pour dire «La suite, s'il vous plait»

Le temps passe, il ne nous reste plus que quinze minutes quand un autre serveur arrive à la table «Vous voulez bien me rappeler votre commande, s'il vous plait?»

Ça tourne au sketch, j'en suis à chercher où est planquée la caméra. Nous demandons ce qui est le plus rapide à préparer, le serveur nous propose des escalopes Milanaises. A cinq minutes de la fin du chrono, il nous apporte un espèce de plat atroce, une véritable semelle de viande, et je ne vous parle même pas de l'accompagnement. Ceci dit, livrer au client au plat immangeable cinq minutes avant qu'il ne doive repartir, c'est plutôt bien joué: le client ne risque pas de renvoyer le plat en cuisine. Nous sommes tous repartis en salle de presse avec un sentiment de frustration, et si j'avais dû payer l'addition, Dieu m'est témoin que le serveur aurait pu s'asseoir sur son ticket de caisse. En même temps, ayant travaillé plusieurs années dans la restauration, je suis plutôt intolérant.

Puisqu'on en est à parler des petites misères ordinaires, et suite à une idée d'Harper, je vais essayer d'établir la liste des choses que je n'avais encore jamais vues avant de venir à Amnéville:

1- Je n'avais encore jamais vu de joueur pro débarquer au buffet du p'ti déj à 7h du matin, n'ayant pas dormi, avec une guitare à la main, et interpréter des morceaux divers et variés, avec un talent... divers et varié;

2- Je n'avais encore jamais vu d'écran plasma émerger d'un mur: on se prend un peu pour le capitaine Picard. Par contre, pour fermer le volet roulant, ça se fait à la main. On ne peut pas tout avoir, non plus. Je vois d'ici l'architecte déclarer au directeur de l'hôtel: «Tous les grands hôtels ont ça à New York, c'est juste trop super hype, il vous le faut absolument, c'est 1,500 € par chambre. Quoi ? Des volets roulants électriques ? C'est complètement passé de mode, mon bon ami, voyons! Nous ne voudrions pas paraître démodés, n'est-ce-pas ?»

3- Je n'avais encore jamais vu autant de set-ups sur une journée, enfin je crois (day 1B, mais aussi day 3);

4- Je n'avais encore jamais vu un Tournament Director s'entendre dire de fermer sa gueule: lorsque la liste des payouts est sortie, Sammy Torbey a annoncé les gains de la table finale au micro. Le problème s'est posé lorsqu'il a commencé à annoncer les prix de la 10° à la 12° place, d'autant que la tournament clock affichait toutes ces infos clairement: cela en a agacé certains, et un «ta gueule!» a donc émergé de l'une des tables, suivi par une protestation générale, heureusement de courte durée;

5- Je n'avais encore jamais vu autant de public autour d'une table finale: il est vrai que la présence de trois Local Heroes (deux qualifiés du Casino et un membre de Lorraine Poker Club) à cette table y est pour beaucoup;


6- Je n'avais encore jamais vu de time qui dure 30 secondes, ni de décompte à voix haute du croupier commencer à 5 secondes de la fin, ni eu à convaincre un floor manager qu'il est de bon ton de respecter les règles internationales du Poker - au lieu des règles locales du Casino - surtout lorsque l'on accueille un W.P.T. (véridique, la scène avait un haut potentiel cocasse);

7- Je n'avais encore jamais vu d'agent de sécurité se planter devant moi dans la salle de presse en attendant que je ferme mon p.c., alors que je suis en train de taper l'article de clôture de la journée, m'interrompant toutes les deux minutes parce qu'il est 4h du matin et qu'il doit mettre l'alarme. Quand je signale qu'il reste du monde en bas (la salle de presse était située sur une sorte de mezzanine, au-dessus de la poker-room) il me dit qu'il ne voit pas le rapport, que moi je dois partir;

8- Je n'avais encore jamais vu des rapports aussi tendus entre une équipe organisatrice (je parle bien sûr de l'équipe du casino et pas du sponsor PartyPoker.fr) et la presse, ni un responsable en mode Gestapo déclarer à un journaliste qu'il allait «tout faire pour le blacklister de tous les casinos de France»;

9- Je n'avais encore jamais vu d'hôtel 4 étoiles sans room-service. Mettons cela sur le compte de la récente naissance de l'établissement;

10- Enfin, je n'avais encore jamais bu le champagne en salle de presse: c'est grâce à Cyrille Lefranc, photographe originaire de Reims, que cette première fois a été possible, merci à toi.

Au final, c'est sur les genoux que je suis rentré: le rythme des coverages est toujours fatigant, mais dans ce cas précis, je l'ai moins bien supporté, peut-être parce que je n'avais pas bougé depuis Las Vegas.

Enfin, je tiens très sincèrement à adresser un immense merci à PartyPoker.fr qui nous a accordé sa confiance pour cette première fois, et qui nous a permis de débuter en tant que River Tells sur la scène poker. Merci à Hermance Blum qui nous a donné cette chance.

Je repars dès jeudi à Enghien, pour faire la couverture photo de la finale du Barrière Poker Tour avec Cyrille Lefranc, et aider aussi Sylvain Tia pour le contenu du blog Barrière.

2 commentaires:

  1. Quelque chose me dit que ce ne sera pas la derniere fois (Cf. point 10) ;) ...

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  2. Youhou! à refaire, les bloggers balla qui font pêter le bouchon en press-room...

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