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lundi 13 décembre 2010

Flemme et Frustration

C'est une tendance exaspérante chez moi: je suis absolument incapable de me remettre au turbin une fois que j'ai rejoint mon « home sweet home ». Alors que j'avais promis à Xewod d'updater régulièrement mon blog, lors de notre rencontre à Marrakech, voilà dix jours que je n'ai rien posté. Ceci dit, il n'y a pas grand chose d'intéressant à raconter des dix jours que j'ai passé à la maison. On peut résumer cela à: feu de cheminée, famille, achats de Noël – pour une fois que je ne m'y prends pas la veille – régime alimentaire, PS3, bagarre avec mon chat, un peu (très peu) de poker en ligne.

Parlons-en, d'ailleurs, du poker en ligne.

Le vendredi qui a suivi mon retour de Marrakech, j'avais prévu de glandouiller sereinement toute la matinée – ce que j'ai fait dans une certaine mesure – mais le quotidien s'est vite rappelé à mon bon souvenir, et je me suis retrouvé devant mon écran, à faire défiler les blogs des copains, lire en diagonale les news du jour, me refusant obstinément à jouer au poker en ligne...

Voilà d'ailleurs une autre nouvelle tendance chez moi: je recule au maximum le moment où je vais me poser aux tables de poker, quand je rentre d'un coverage. Je me suis rapidement rendu compte que mes sessions les plus cagoulées, mes plus grosses pertes, avaient lieu juste après les coverages.

La raison ? Il y en a plusieurs, je suppose.

D'abord, quand on voit des centaines de joueurs manier les jetons pendant une semaine d'affilée, cela développe une frustration intense qui grandit peu à peu, et la première chose qu'on est tenté de faire en rentrant dans sa caverne, c'est de manier des jetons à son tour.

Bien sûr, il arrive parfois que l'on puisse faire cliqueter les jetons pendant le coverage, notamment quand les Gentils Organisateurs proposent un tournoi des médias.. mais ce plaisir-là tourne vite au coïtus interruptus: les structures des tournois des médias sont notoirement hyper-turbo, et le fait de se retrouver entre potes autour d'une table pousse à la connerie, cela devient finalement un prétexte à faire n'importe quoi pour vite aller boire des grosses bières avec les copains*.

Résultat, je commence généralement le tournoi en mode Fort Knox - je passe toutes mes poubelles pendant le premier niveau – mais l'ambiance générale de la table m'enflamme vite l'esprit, et je pousse tout très vite – c'est-à-dire généralement à la fin du deuxième level - en criant un « goooomble » de bon aloi faisant rigoler tout le monde.

Et je saute.

Et je rejoins les copains sur le rail, histoire de mettre un peu d'animation pour le restant du tournoi média, jusqu'à ce qu'un responsable vienne nous rappeler qu'un tournoi, un vrai celui-là, avec des vrais sous dans le prize-pool et des vrais joueurs aux tables, a lieu non loin du nôtre, et qu'il serait de bon ton... de baisser le ton, justement.

* L'auteur se sent obligé de préciser que ces propos n'engagent que lui, et ne représentent en rien la masse des reporters présents lors des tournois internationaux, qui ne boivent pas forcément de grosse bière.

Une fois le coverage terminé, quand je rentre chez moi, je ne peux toujours pas manipuler des jetons, or la frustration est toujours présente. Le premier casino est à plus d'une heure de route, et ne propose pas de poker. Je me retrouve donc à grinder online.

Le problème, c'est que quand vous revenez frustré d'un voyage lors duquel tout le monde a joué aux cartes sauf vous, vous (enfin moi, j'espère que tout le monde aura compris que j'utilise la deuxième personne du pluriel pour me déresponsabiliser), vous donc, avez tendance à spew quelques caves avant de réaliser que vous faites absolument n'importe quoi, et qu'il est temps de vous remettre au tricot, ou à la belote, ce qui sera toujours moins risqué. Dans ces cas-là, vous vous dites que vous auriez mieux fait de perdre quelques heures sur Final Fantasy XIII, ce qui aurait probablement déplu à Madame, mais aurait été au final un bien meilleur investissement.

Et voilà. Je voulais faire court et clair, mais comme je l'ai souvent dit, ou lu, ou entendu, les choses les plus simples sont souvent les plus difficiles à expliquer...

Voilà donc pourquoi je repousse tant le moment où je me mets à jouer quand je rentre d'un reportage, cela m'évite simplement de tilter.

En bon fish, je me suis mis au cash-game depuis peu, en commençant en NL20, car comme aurait pu dire mon prof de sciences-éco au lycée: « Il faut se donner les moyens de ses ambitions, or il n'y a pas de limites à nos ambitions, hormis les moyens que l'on se donne pour les réaliser »

Je me suis longtemps considéré comme un piètre joueur de cash-game – et cet état de fait n'a pas changé – mais j'ai fini par me dire qu'il n'y a pas de raison pour que je ne devienne pas un joueur correct, à force de travail, de lecture des différents threads techniques proposés un peu partout sur la toile, et surtout en accumulant le nombre de mains jouées.

Jusqu'à maintenant, je m'étais cantonné aux tournois, en évitant prudemment le cash-game, mais lors du WPT Amnéville, une discussion avec mon pote Aurélien Lafarge m'a donné envie de tenter le coup.

Bref, depuis, j'essaie d'assimiler les concepts de base du cash-game, tout en accumulant les erreurs et les swings, ce qui donne, après 9k hands, le graphique suivant:

Cinq caves gagnées en 9,000 mains, y'a du boulot.

Lorsque j'analyse mes mains, je me rends vite que mon principal problème est le suivant: j'ai tendance à répéter les mêmes erreurs un bon nombre de fois avant de ne plus les faire... et d'en faire de nouvelles. Je ne compte plus le nombre de petits pots perdus que j'aurais pu minimiser en évitant de faire un call pourri en river, sachant pertinemment que je payais perdant. Ni les pots où je perds un max de value par manque de lucidité, ou par peur des nuts en face.

Je pense que le pire, c'est mon changement d'attitude lors des bad-runs: je tilt très facilement, et cela me coûte cher. C'est en partie là-dessus que j'ai pas mal travaillé.

Décembre étant plutôt chargé, je n'ai pas beaucoup de temps pour jouer, j'aurai donc beaucoup moins de mains à mon actif à la fin du mois, mais je vous promets d'essayer de poster un meilleur graphique que celui-ci en janvier.

D'ici là, je m'en vais couvrir l'European Poker Tour de Prague.

Mon prochain up-date sera donc probablement envoyé depuis l'hôtel Hilton de Prague, exactement là où j'ai vu Arnaud Mattern il y a (déjà) trois ans remporter son premier titre EPT.

vendredi 3 décembre 2010

Retour de Marrakech

Mercredi 1er décembre, aéroport de Marrakech

Il est 23h pile, et je suis assis sur un des sièges inconfortables de l'aéroport de Marrakech. Mon avion pour Lyon aurait dû décoller depuis plusieurs heures déjà, mais voilà: la dégradation des conditions météorologiques* a occasionné une série de retards et d'incidents, qui ont abouti à cette conclusion simplissime: je m'use actuellement le cul sur ce siège de merde.

*Dites-le très vite, plusieurs fois de suite et à voix haute, d'ailleurs, qu'on rigole un peu: « la dégradation des conditions météorologiques ». Ah, vous voyez, ce n'est pas si simple, d'être Monsieur Météo sans avoir l'air ridicule.

D'ailleurs, même si cela ne constitue pas une consolation en soi, je ne suis pas le seul: Hugues Fournaise râpe lui aussi son fond de pantalon sur les bancs de l'aéroport, imité par Jaybee du Club Poker, ainsi que par une bonne centaine d'autres personnes. Un peu plus tôt, la direction de l'aéroport a offert à tous les passagers de ce vol un bon d'achat de quelques euros, histoire que l'on aie le privilège de mordre dans un morceau de pain garni de fromage, et de boire un café. La bonne nouvelle, parce qu'il faut bien qu'il y en ait tout de même une, c'est que nous ne passerons pas la nuit ici. Notre vol a finalement été annoncé, il décollera à minuit et demie heure locale, c'est-à-dire à une heure et demie du matin, heure française. Avec environ trois heures de vol et le décalage horaire, cela devrait nous faire atterrir aux alentours des quatre heure et demie à l'aéroport Saint Exupery de Lyon, ce qui est toujours mieux que de choper la scarlatine, comme dirait Séraphin Lampion.


D'une manière générale, je garderai de ces quelques jours à Marrakech une impression mitigée.

Le gros test de la semaine était cette entrevue avec Liz Lieu, et je pense que je m'en suis honorablement sorti, pour ma première interview réalisée en anglais. Le résultat (en Français) paraîtra dans l'édition de décembre de That's Poker, et même si le résultat final ne m'emballe pas plus que ça, je pense avoir produit un texte honnête, qui sort un peu des interviews que l'on a l'habitude de lire en général sur les joueurs, même s'il est un peu trop axé sur le côté biographique de la belle. A ma décharge, il s'agissait d'une première – je n'avais encore jamais eu à rendre de texte aussi long – et les délais impartis étaient plutôt serrés.

Côté tournoi, pour sa deuxième édition en terre Africaine, le World Poker Tour a presque réalisé une contre-performance. En effet, si la cuvée 2009 fut un grand cru, réunissant 416 joueurs et un prize-pool de plus d'1,5 millions d'euros, la cuvée 2010 aura plutôt offert un millésime, précieux mais se faisant désirer: les joueurs ne se sont clairement pas pressés au portillon pour remporter un bracelet WPT, en revanche nous avons eu droit à une sélection des meilleurs sharks Français. Pour tout dire, j'ai rarement vu autant de tables aussi difficiles réunies dans la même poker-room. Je retiendrai une table en particulier, lors du day 1B: elle réunissait Bruno Launais, Bertrand 'ElkY' Grospellier, Thomas Bichon, Franck Khalfon, Davidi Kitai, Karine Nogeira, Mesbah Guerfi et Malik Nouri. Et au beau milieu, comme Roy Scheider perdu dans un banc de squales, un joueur anonyme, un 'random' comme nous autres journalistes avons coutume de les appeler, autant dire un condamné à mort dans ce cas précis. Il avait à peu près autant de chances de s'en sortir qu'un unijambiste de battre le record mondial de saut en hauteur, et il ne fit effectivement pas long feu.

Deux jours plus tard, la table finale était connue: deux Allemands, un Scandinave, un Autrichien et cinq Français en formaient la composition.

And guess what ? Avec un field composé à 80% de Français, c'est un joueur Allemand qui a raflé le titre. C'est quand même dingue qu'on soit pas fichus de ramener un bracelet quand on truste le tournoi de cette façon. Mais bon, ce qui fait plaisir, c'est de voir des copains concrétiser ce que l'on sentait arriver depuis un moment. Je parle bien sûr de Guillaume 'Johny001' de la Gorce, qui atteint sa première table finale après plus de trois ans de circuit pro, Julien 'Nori' Labussière, qui joue sous les couleurs Partouche depuis plus d'un an maintenant, et Guillaume 'Guilloms32' Cescut, que j'ai eu le plaisir de mieux connaître lors de la finale du Barrière Poker Tour d'Enghien, il y a tout juste deux semaines.

Au final, Sebastian Homann remporte une victoire méritée – même si j'ai cessé de croire aux vertus du mérite dans le poker depuis bien longtemps, si tous ceux qui méritaient un bracelet en avaient gagné un, ça se saurait - alors qu'un goût plutôt désagréable me reste dans la bouche: si, avec un field majoritairement Français, un nouveau bracelet WPT tricolore tarde tant à venir, je ne peux m'empêcher de me demander «A quand le prochain ?».

En ce qui concerne les rencontres, j'ai eu grand plaisir à revoir Ahmed 'MrKast' Debabèche. Ce qui m'a le plus surpris, c'est qu'il se souvienne de notre première rencontre, cet été à Las Vegas, alors que nous nous pressions dans la file d'attente de la soirée organisée par PokerStars au Rain, le night-club du Palms de Las Vegas, et que je retrouvais une âme d'adolescent à l'idée d'assister à un concert privé de Snoop Dog.

J'ai également eu le plaisir de revoir Chris, que vous connaissez probablement sous le pseudo Xewod, celui dont le blog poker a pris tant d'ampleur qu'il a réussi à envoyer certains de ses lecteurs jouer au poker à Marrakech.

L'autre rencontre fut multiple: j'ai eu le plaisir – et parfois l'étonnement, voire le désarroi – de mettre des pseudos sur des visages, je parle bien sûr de ceux du ghotta du ClubPoker: SuperCaddy (d'ailleurs, merci SuperCaddy), Comanche, Piercy, Artplay, Nassim, sans parler bien sûr de ceux que je connaissais déjà, comme Kinshu, Fpc, Webmaster, Gab-x, Clovis, Stéphane, Tapis_Volant et Jaybee. Si par malheur j'ai oublié quelqu'un, je vous promets de m'auto-flageller, voilà.


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Aéroport de Marrakech, jeudi 2 décembre, 11h du mat'

Non, je n'ai pas passé la nuit sur mon siège à me tanner le cuir.

Et oui, j'ai passé une nuit supplémentaire à Marrakech.

Mais revenons un peu sur ce qu'il s'est passé depuis hier soir, quand je vous ai laissés, à 23h:

    • 23:30: Une hôtesse annonce d'un ton peu assuré que le vol n° 4496 à destination de Lyon-Saint Exupéry est reporté au lendemain, 13h35;

    • 23:32: Un homme, au comble du désespoir, s'asperge d'harissa et s'enflamme subitement, faisant l'objet d'une combustion spontanée;

    • 23:45: Un autre, bourré, commence à sévèrement casser les roubignolles de ce qui semble être un de ses amis. Jaybee et moi nous éloignons prudemment du désastre potentiel;

    • Minuit: Une hôtesse récupère nos cartes d'embarquement, et nous remplissons une fiche de débarquement: nous devons quitter la zone internationale de transit pour rejoindre un hôtel, et entrons donc de nouveau au Maroc. C'est curieux, j'ai l'impression de ne l'avoir jamais quitté. Ça doit être cela, l'effet Marrakech;

    • 00:30: Tous les passagers ont repassé le contrôle des passeports, et nous attendons nos bagages. Jaybee et moi piquons un mini fou-rire devant un bragueur de l'extrême (comprenez: «crâneur») , qui tente par tous les moyens de convaincre son auditoire qu'il est le meilleur en tout, qu'il a tout compris au monde qui l'entoure, et d'une manière générale, implique que les autres ne sont que de sombres merdes. Notre fou-rire intermittent nous fait rapidement repérer, et a au moins le mérite de calmer notre bragueur fou;

    • 01:15: Nous sommes regroupés dans des bus sur le parking de l'aéroport. Détail amusant que ne manquera pas de relever Jaybee: les bus sont estampillés M.T.T. Les employés attendent visiblement de savoir vers quel(s) hôtel(s) nous diriger;

    • 01:55: Dans le plus pur esprit Français, une passagère ne supporte plus que les employés de l'aéroport osent discuter entre eux, qui plus est avec le sourire, alors que nous attendons toujours dans le bus, à l'arrêt, en faisant la gueule. Ni une ni deux, elle descend hurler son indignation, et remonte deux minutes après, satisfaite du devoir accompli;

    • 02:25: Nous somme déposés au Royal Mirage Hotel. Coïncidence amusante: le prix d'une nuit dans cet hôtel correspond au prix de mon billet aller-retour Lyon-Marrakech. Il ne devait vraiment plus y avoir de place nulle part;


    • 03:00: Ultime bad beat de la journée: le bar de l'hôtel est fermé, pas moyen de se mettre une mine, je m'écroule sur mon lit.

Le lendemain matin, après un petit déjeuner plus que bienvenu, nous nous enfournons dans les même bus que la veille, et arrivons à l'aéroport. Le reste se passe relativement bien: nous passons les divers points de contrôle sans encombre, et l'avion finit par décoller, avec une heure de retard environ.

Deux heures et demie plus tard, nous atterrissons à Lyon, sous la neige, passant brusquement de 23° à -3°, mais heureux d'arriver enfin à bon port.

Les jours qui viennent devraient être intéressants. J'ai décidé, d'un commun accord avec moi-même, de prendre une matinée de repos demain, avant de m'attaquer aux divers debriefings des interviews réalisées à Marrakech, ce qui devrait me prendre quelques jours de boulot. Nous devons également finaliser la création de RiverTells avec Hugues, notamment déposer les statuts de la société, ce qui devrait être fait lundi. D'autres projets sont également en cours de cogitation, et feront probablement l'objet d'un prochain billet.

D'ici là, je crois que ma soirée sera concentré autour de deux objectifs primordiaux: me réchauffer les pieds au feu de cheminée, tout en faisant un sort à la bouteille de Chateau Peybonhomme Les Tours 2007 qui me nargue depuis le bar, impunément.

samedi 27 novembre 2010

Finale BPT et day 1A du WPT Marrakech

J'ai pris pas mal de retard dans mes publications, mais il faut bien l'avouer, je n'ai pas eu grand-chose d'intéressant à raconter non plus, depuis Amnéville. Voici un petit récap' rapide:

Finale du Barrière Poker Tour – 15 novembre, Enghien

Pas grand-chose à dire à propos de la finale du Barrière Poker Tour, qui s'est déroulée le week-end du 13-14 novembre à Enghien les Bains: j'y étais avec Cyrille Lefranc, qui a pris en charge les photos officielles. Pour ma part, je me suis occupé des photos destinées à la page FaceBook de Barrière Poker. Et c'est bien cela qui m'a troublé: ces trois dernières années, j'ai pris pour habitude de couvrir les évènements en texte et photos, parfois en vidéo.
A Enghien, je n'ai eu que quelques photos à prendre, réparties sur tout le week-end. Ceci dit, heureusement que Cyrille était là, car le pack de photos officielles dont il s'est chargé demandait un bagage technique que je n'ai pas encore acquis. On va y venir, tout doucement.

La partie «casting» du BPT a été un vrai plaisir: une soixantaine de candidats au poste de «Joueur Barrière de l'année» étaient présents, et ont commencé le casting en s'écharpant joyeusement lors d'un tournoi en double shoot-out, à la structure digne d'un abattoir industriel. L'on a d'ailleurs pu assister à quelques scènes d'un haut potentiel comique, comme celle lors de laquelle un joueur excédé a quitté la poker-room en hurlant "Mais quelle chattarde! Quelle chattarde!" en parlant de Sabrina Derdar. Laquelle, haussant les épaules d'un air fataliste, a préféré ne pas relever. "Ah non", corrigera d'ailleurs une de ses amies, depuis le rail des spectateurs, "lorsqu'il s'agit d'une femme, on dit qu'elle a 'bitté', pas 'chatté', remettons les chose à leur place, tout de même."

De ces sit'n go ont émergé seize élus, qui sont revenus le lendemain pour une épreuve écrite: un questionnaire regroupant de la connaissance générale du poker, des stats, probas, etc...

Les seize ont ensuite disputé une série de heads-up - notés par les pros de la Team Barrière - à l'issue desquels huit profils ont émergé. Enfin, les huit derniers sont passés tour à tour devant un jury composé de diverses personnalités, jury qui a fait connaître son choix quelques heures plus tard.

L'heureux élu fut donc Adrien Allain, qui fut appelé devant la foule lors d'un break de la table finale du main event. Je peine à imaginer ce qu'a ressenti Adrien: après un deep-run dans le main event, il venait d'être éliminé suite à une rencontre face à Vikash Dhorasoo, alors qu'il possédait un des plus gros tapis du moment: horrible déception, frustration, colère.

Juste après, il apprend qu'il décroche un sponsoring de €120,000: joie, élévation, fête.

C'est probablement l'accumulation de ces sentiments mitigés qui a généré cette émouvante prestation: lorsque Lucille Denos, responsable poker chez Barrière, a fait venir Adrien pour qu'il prononce quelques mots, ce dernier a prononcé d'une voix minuscule qu'il était très content, son visage restant de marbre, semblant complètement dépassé par les évènements, et visiblement touché. C'est aussi pour ces moment-là qu'on fait ce métier: constater qu'un joueur tel qu'Adrien, qui possède une poker-face plutôt élaborée, éprouve en fait les mêmes sentiments que vous et moi...

WPT Marrakech - 20 au 30 novembre

Depuis presque deux ans que je suis retourné à mes racines, au beau milieu de la campagne Charollaise, la procédure pour me rendre à l'aéroport est un tout petit peu plus compliquée qu'avant: je dois prendre ma voiture pour me rendre à la gare locale, d'où un TER m'embarque pour la gare de Lyon-Part Dieu. De là, je saute dans le Rhônexpress, la toute récente ligne de tramway qui me conduit à l'aéroport Saint Exupéry en une demi-heure.

Quelques heures plus tard, je me retrouve avec Jaybee et Xav13 du ClubPoker, à marchander le taxi pour me rendre au Golden Tulip, hôtel de Marrakech dans lequel sont logés tous les reporters et les croupiers, situé à quelques encablures du Es-Saadi. Dès notre arrivée, le lobby semble avoir été trusté par le ClubPoker: Laurent, Comanche, FCP, Piercy, SuperCaddy - pour ne citer qu'eux - sont en train de récupérer leurs clés. Rapidement, nous devons faire face à une terrible réalité: pas de connection internet dans les chambres. Gloups. Mon âme de geek frémit encore au souvenir de l'annonce de cette nouvelle, et de fait, les sièges et canapés du lobby sont bourrés de types qui tapotent sur le clavier de leur portable, la seule connection wi-fi disponible étant au rez-de-chaussée de l'hôtel.

Rapidement, on retrouve les automatismes: aller récupérer sa carte de presse auprès des autorités compétentes – en l'occurence, Ophélie de ChiliPoker – puis aller voir les copains, qui sont là depuis quelques jours déjà. Au passage, on en profite pour féliciter Ronan « roroflush » Monfort, qui a fait une belle place payée de plus, en finissant 5ème du Deep Stack Open, et mon collègue Harper, qui a fini 9ème du même tournoi, devenant ainsi mon nouveau héros ordinaire.

Table finale du DSO

Dès le lendemain, l'épreuve à laquelle je me suis préparé ces derniers jours est programmée pour 15h30: Hugues et moi avons rendez-vous avec Liz Lieu pour ce qui sera une longue interview, destinée au numéro de décembre du magazine That's Poker. Trois heures et demie plus tard, j'e sors de là rincé, l'esprit bouillonnant d'informations à trier: il s'agissait de toute première interview intégralement en Anglais, ce qui n'était pas pour me faciliter la vie, et Liz possède un caractère enthousiaste, à la limite de l'hyper-charisme. Durant toute l'interview, il m'a été presque impossible de conserver le détachement nécessaire à tout reporter, tant cette jeune femme dégage de sympathie et de joie de vivre.

Le soir, Hugues et moi la retrouvons dans le lobby du Palace Es-Saadi, et nous nous laissons embarquer par Alexandre Dreyfus, qui a organisé une excursion au coeur de Marrakech, au restaurant Le Foundouk. Trois taxis sont réservés, pour un groupe plutôt disparate: en plus du staff ChiliPoker au grand complet, sont présents Steven de Made In Poker, Laurent et FPC de ClubPoker, Matthias de Poker Actu, un mec du mensuel « Entrevue » accompagné de sa copine Anglaise un peu gothique, qui se dit chanteuse. Perdus au milieu, deux lecteurs d'Entrevue qualifiés pour le DSO, qui ont passé ces quelques jours en compagnie de Jennifer Favier, nièce d'une grande blonde éponyme qui zozote, participante à l'Ile de la Tentation pour l'un, tanids que l'autre était accompagné de Virginie Caprice. Si, si, vous avez probablement déjà vu Virginie Caprice, souvenez-vous en cliquant ici.

Le Foundouk est un lieu étonnant: situé en plein quartier résidentiel de la ville, les taxis nous y ont emmenés en passant par des rues minuscules, soulevant parfois la poussière du sol en terre battue, rasant les vélos et les scooters. A l'arrivée, le groupe est pris en charge par des employés du restaurant, qui nous dirigent vers la porte d'entrée. L'intérieur offre un contraste incroyable avec la rue: haut de plafond, des tables massives en bois, une déco travaillée, et une double carte, Marocaine et Française, et une cave de vins à tomber.

Après un dîner balla – comprenez apéro au champagne, Pouilly Fumé pour accompagner l'entrée et Saint Julien pour le plat principal, nous sommes tous retournés au Es-Saadi. Cette soirée fut la bienvenue: je savais que le lendemain serait consacré au debriefing de la bande audio et des notes prises pendant l'interview de Liz, et j'avais besoin de prendre du recul et de me vider la tête. En ce sens, le Pouilly m'a bien aidé.

Les deux jours suivants furent consacrés à la rédaction de l'article, que je devais envoyer le 25 novembre au plus tard à That's Poker, qui était en bouclage tardif du numéro de décembre.

Je m'étais promis une journée off, pour profiter des quelques 23-24° offerts par le soleil du Maroc en cette fin d'automne, et j'aurais bien aimé que ce jour de congé tombe au day 1A du WPT, histoire de dire que je bronze au bord de la piscine pendant que tous les copains travaillent, mais c'était sans compter sur ma bonne étoile, qui a décidé qu'il était temps pour quelques nuages en stationnement au-dessus de Marrakech de déverser leurs trop-plein d'eau. Sick. N'ayant rien d'autre à faire, exit le day off, direction la salle de presse.

Conséquence directe de la météo: la salle de presse, installée sous une grande tente à l'extérieur de la poker-room, se disloque presque sous nos yeux: le rapatriement se fait un peu dans la panique, et les reporters s'installent sur des tables de poker vides, à l'une des extrémités de la salle.

Tout comme à Enghien, j'ai un sentiment mitigé en m'installant dans cette salle de presse improvisée: là encore, je n'ai pas de coverage live à assurer, juste des interviews à prévoir et à préparer, un premier débriefing d'une entrevue avec Caroline Darcourt à faire, et des rendez-vous prometteurs avec des acteurs de la presse poker. Cela ne ressemble en aucun point à tout ce que j'ai pu faire ces trois dernières années, c'est à la fois excitant et déroutant: avant de partir à Las Vegas, en juin dernier, j'en étais peu à peu arrivé à la conclusion que j'étais condamné à raconter les même éternels coin-flips, cherchant juste une manière différente de dire que As-Roi avait envoyé Q-Q ad patres, mais il semblerait que ce ne soit finalement pas le cas.

Le reste du séjour va probablement se dérouler à l'image du day 1A: je vais continuer à jouer les useless sur le banc de presse, jusqu'à mardi. Ou pas.

mardi 9 novembre 2010

Retour d'Amnéville

Je m'étais pourtant promis d'écrire chaque soir sur ce blog, pendant la durée du World Poker Tour d'Amnéville... Le problème, vous voyez, c'est que cette semaine – comme tous les journalistes présents d'ailleurs – je n'ai connu ni matin, après-midi ou soir: si je devais résumer ce que je retiens de cette semaine en Lorraine, je me suis contenté de dormir (un peu), bosser (beaucoup), manger (quand je pouvais) et subvenir aux besoins naturels dont dépend chaque individu normalement constitué.

Il faut dire qu'il s'agissait d'un gros challenge: la couverture de ce World Poker Tour était une grande première pour Hugues Fournaise et moi, et cela allait donner le ton à la direction qu'emprunterait River Tells. Nous nous sommes donc donnés à fond pendant ces cinq jours, avec l'assistance plus que bienvenue d'Aurélien Lafarge, avec qui j'ai partagé le côté rédactionnel, tandis que Hugues s'est chargé de la couverture photographique, aidé lui aussi pendant une journée par Cyrille Lefranc.

Le tournoi, dans l'ensemble, fut un évènement réussi. 543 joueurs ont pris part à la fête, ce qui constitue un record d'affluence pour un W.P.T. hors U.S.A, et la salle de presse a fait le plein: j'y ai retrouvé la plupart des copains. Le field a constitué un bon équilibre entre joueurs débutants et confirmés – la balance penchant toutefois du côté débutant – et nous eûmes notamment une journée 3 passionnante, lors de laquelle les set-up se sont enchaînés d'une manière inquiétante,

Côté vie pratique, je retiendrai beaucoup de choses de ce WPT:

Premièrement, tous les casinos ne sont pas habitués à organiser des tournois de cette envergure, ce qui entraîne des réactions parfois étonnantes de la part des dirigeants ou de l'équipe organisatrice.

Deuxièmement, la presse reste un organisme importun pour les casinos; il suffit de voir de quelle manière nos suggestions et commentaires - pas toujours enrobés de sucre, c'est vrai - ont été reçus par les organisateurs.

Enfin, ce tournoi a eu lieu dans un Casino ouvert depuis moins d'un mois (ceci explique probablement cela). Si les chambres de l'hôtel méritent probablement les étoiles qui leur sont attribuées (le buffet de petit déjeuner aussi, d'ailleurs, et je vous l'affirme en connaisseur), les restaurants du casino, en revanche, ont de gros progrès à faire aussi bien en terme d'accueil que de qualité de service, sans même parler de la finesse des mets proposés. Il semblerait que les serveurs ont émergé du sol au même moment que le casino, un mois auparavant, et qu'ils ont zappé toute la partie formation en restauration.

L'exemple le plus flagrant: le soir de la finale du W.P.T., Aurélien, Jooles, Kinshu, Harper et moi-même avions une heure pour nous restaurer, pendant le dinner-break, et nous nous sommes installés dans la partie 'buffet' du Casino: l'accès à ce buffet ne nous coûtait rien, puisque Hermance Blum, de PartyPoker, nous avait généreusement offert des tickets.

Les autres soirs, un buffet froid était à disposition, mais en l'occurrence – peut-être est-ce dû au fait qu'ils attendaient moins de monde – pas de buffet froid, ce soir-là. Une serveuse nous installe, et nous laisse le choix entre trois entrées, trois plats, trois desserts, parfait.

A peine installés, fort de notre expérience dans l'autre restaurant du casino, et bien décidés à ne pas nous faire avoir par le timing, nous indiquons que nous faisons partie du staff W.P.T., et que nous n'avons qu'une heure pour manger, la serveuse en prend bonne note.

Nous passons commande.

Vingt minutes plus tard, ne voyant rien arriver, nous nous rappelons au bon souvenir d'un serveur qui passe à ce moment-là. «Oui, je vais voir en cuisine» nous dit-il sans même s'arrêter. Il revient cinq minutes plus tard en demandant «Vous aviez commandé quoi, déjà ?»

Jooles commence à tilter, une bouteille de Bordeaux a déjà dégagé, et le temps imparti est désormais de 35 minutes. Nous lui rappelons la commande -et le fait que nous sommes pressés- et il repart, pour mieux revenir cinq minutes plus tard: «Désolé, nous n'avons plus l'entrée que vous avez commandée»

Le bad-beat continue. Le serveur nous apporte l'entrée disponible -une sorte de terrine- que nous expédions en moins de temps qu'il n'en faut pour dire «La suite, s'il vous plait»

Le temps passe, il ne nous reste plus que quinze minutes quand un autre serveur arrive à la table «Vous voulez bien me rappeler votre commande, s'il vous plait?»

Ça tourne au sketch, j'en suis à chercher où est planquée la caméra. Nous demandons ce qui est le plus rapide à préparer, le serveur nous propose des escalopes Milanaises. A cinq minutes de la fin du chrono, il nous apporte un espèce de plat atroce, une véritable semelle de viande, et je ne vous parle même pas de l'accompagnement. Ceci dit, livrer au client au plat immangeable cinq minutes avant qu'il ne doive repartir, c'est plutôt bien joué: le client ne risque pas de renvoyer le plat en cuisine. Nous sommes tous repartis en salle de presse avec un sentiment de frustration, et si j'avais dû payer l'addition, Dieu m'est témoin que le serveur aurait pu s'asseoir sur son ticket de caisse. En même temps, ayant travaillé plusieurs années dans la restauration, je suis plutôt intolérant.

Puisqu'on en est à parler des petites misères ordinaires, et suite à une idée d'Harper, je vais essayer d'établir la liste des choses que je n'avais encore jamais vues avant de venir à Amnéville:

1- Je n'avais encore jamais vu de joueur pro débarquer au buffet du p'ti déj à 7h du matin, n'ayant pas dormi, avec une guitare à la main, et interpréter des morceaux divers et variés, avec un talent... divers et varié;

2- Je n'avais encore jamais vu d'écran plasma émerger d'un mur: on se prend un peu pour le capitaine Picard. Par contre, pour fermer le volet roulant, ça se fait à la main. On ne peut pas tout avoir, non plus. Je vois d'ici l'architecte déclarer au directeur de l'hôtel: «Tous les grands hôtels ont ça à New York, c'est juste trop super hype, il vous le faut absolument, c'est 1,500 € par chambre. Quoi ? Des volets roulants électriques ? C'est complètement passé de mode, mon bon ami, voyons! Nous ne voudrions pas paraître démodés, n'est-ce-pas ?»

3- Je n'avais encore jamais vu autant de set-ups sur une journée, enfin je crois (day 1B, mais aussi day 3);

4- Je n'avais encore jamais vu un Tournament Director s'entendre dire de fermer sa gueule: lorsque la liste des payouts est sortie, Sammy Torbey a annoncé les gains de la table finale au micro. Le problème s'est posé lorsqu'il a commencé à annoncer les prix de la 10° à la 12° place, d'autant que la tournament clock affichait toutes ces infos clairement: cela en a agacé certains, et un «ta gueule!» a donc émergé de l'une des tables, suivi par une protestation générale, heureusement de courte durée;

5- Je n'avais encore jamais vu autant de public autour d'une table finale: il est vrai que la présence de trois Local Heroes (deux qualifiés du Casino et un membre de Lorraine Poker Club) à cette table y est pour beaucoup;


6- Je n'avais encore jamais vu de time qui dure 30 secondes, ni de décompte à voix haute du croupier commencer à 5 secondes de la fin, ni eu à convaincre un floor manager qu'il est de bon ton de respecter les règles internationales du Poker - au lieu des règles locales du Casino - surtout lorsque l'on accueille un W.P.T. (véridique, la scène avait un haut potentiel cocasse);

7- Je n'avais encore jamais vu d'agent de sécurité se planter devant moi dans la salle de presse en attendant que je ferme mon p.c., alors que je suis en train de taper l'article de clôture de la journée, m'interrompant toutes les deux minutes parce qu'il est 4h du matin et qu'il doit mettre l'alarme. Quand je signale qu'il reste du monde en bas (la salle de presse était située sur une sorte de mezzanine, au-dessus de la poker-room) il me dit qu'il ne voit pas le rapport, que moi je dois partir;

8- Je n'avais encore jamais vu des rapports aussi tendus entre une équipe organisatrice (je parle bien sûr de l'équipe du casino et pas du sponsor PartyPoker.fr) et la presse, ni un responsable en mode Gestapo déclarer à un journaliste qu'il allait «tout faire pour le blacklister de tous les casinos de France»;

9- Je n'avais encore jamais vu d'hôtel 4 étoiles sans room-service. Mettons cela sur le compte de la récente naissance de l'établissement;

10- Enfin, je n'avais encore jamais bu le champagne en salle de presse: c'est grâce à Cyrille Lefranc, photographe originaire de Reims, que cette première fois a été possible, merci à toi.

Au final, c'est sur les genoux que je suis rentré: le rythme des coverages est toujours fatigant, mais dans ce cas précis, je l'ai moins bien supporté, peut-être parce que je n'avais pas bougé depuis Las Vegas.

Enfin, je tiens très sincèrement à adresser un immense merci à PartyPoker.fr qui nous a accordé sa confiance pour cette première fois, et qui nous a permis de débuter en tant que River Tells sur la scène poker. Merci à Hermance Blum qui nous a donné cette chance.

Je repars dès jeudi à Enghien, pour faire la couverture photo de la finale du Barrière Poker Tour avec Cyrille Lefranc, et aider aussi Sylvain Tia pour le contenu du blog Barrière.

mardi 2 novembre 2010

WPT Amnéville - Day 1A

Après 4h30 de route, Hugues, Aurélien et moi-même sommes finalement arrivés à Amnéville, pour découvrir un complexe auquel on ne s'attendait pas: groupement hotelier, cinéma, piste de ski, zoo, accro-branches, circuit de randonnées dans la forêt... bref, tout est fait pour vous convaincre que vous avez bien fait de venir.

Après une soirée (un peu) arrosée avec les qualifiés PartyPoker.fr dans un Sofitel du Luxembourg, j'ai retrouvé avec plaisir Stephan et Rebecca Gérin et Guillaume Darcourt au seven Casino, avant de rejoindre ma chambre vers minuit. la chambre qui nous a été allouée est franchement superbe, mais je n'ai pas eu l'intelligence de trouver tout de suite où était située la commande du chauffage, ce qui résulta par une nuit de merde: il faisait dans les 25°, et quand vous êtes habitué à une température ambiante plus proche des 18°, vous avez l'impression de dormir sous l'aisselle d'un ours. Bref.

Je me suis réveillé vers 9h00 avec toute la matinée devant moi, mais aucune envie de bouger: j'étais dans le coaltar complet, pour ne pas dire d'humeur désastreuse - ceux qui me connaissent bien savent à quel point je peux être désagréable dans ces moments-là.

J'ai donc profité de la matinée pour surfer un peu, lire pas mal (Skin par Mo Hayder, si certains connaissent) quand l'alarme de l'hôtel s'est mise en marche.
"tiens, ben celle-là, on ne me l'avait pas encore faite" me suis-je dit "m'enfin bon, ça vaut mieux qu'un braquage à Berlin."
Bref, une voix mélodieuse disait en substance "Ceci n'est pas un exercice - suite à un incident interne à l'hôtel - veuillez gagner calmement les sorties de secours"

Bon, allons-y. Arrivé en bas - par les escaliers, je n'avais que quatre étages à descendre heureusement - il s'agissait bien sûr d'une fausse alerte. En même temps, il vaut mieux ça qu'un réel incendie, et cela m'a au moins permis de me secouer un peu avant d'attaquer le day 1A du WPT Amnéville.

En bref, si je dois résumer ce jour 1A: 260 joueurs, quelques stars, 10 heures de jeu entrecoupées de pauses aux durées variables, et un vrai épuisement qui me tombe dessus en fin de journée. Malgré cela, cette première journée de coverage pour PartyPoker.fr est plutôt réussie, même si nous avons beaucoup balbutié au début.
La journée n'a pas manqué d'intérêt, même si j'ai coutume de dire que les day 1 de tournois ressemblent à un vaste champ de bataille. Le fait de retrouver mes potes journalistes m'a vraiment fait plaisir - même s'ils n'ont pas manqué de me charrier du fait que je porte l'étiquette de "media officiel" sur ce coup-là. J'ai revu aussi pas mal de joueurs qui sont devenus des potes à force de les croiser sur le circuit. Et ça fait plaisir: j'étais resté à l'écart du microcosme poker depuis les WSOP de Las Vegas, l'été dernier, et j'ai l'impression qu'il s'est passé une éternité depuis la dernière fois que j'ai relaté un coup de poker. Le fait de voir que le gens ne vous ont pas complètement oublié est vraiment rassurant, surtout quand on connait le côté volatile de ce milieu.

Il reste quatre jours de tournoi à couvrir, et au rythme de 16 heures de présence en poker-room par jour, mon côté instable risque de vite refaire surface... mais c'est bon de se rassoir sur le banc de presse!

mercredi 27 octobre 2010

Every River has a Story


Je suis revenu de Las Vegas depuis plus de trois mois, et n'ai pas écrit une seule ligne sur ce blog... ce qui me rappelle une question que Jooles m'avait posé pendant les WSOP:

"- Ton nouveau blog, c'est juste pour Vegas ou bien tu vas continuer à l'alimenter après ?"
"- Nooon, cette fois je m'y tiens, promis, je continuerai d'écrire une fois de retour à la maison."

Mouais.

Et pourtant, il s'en est passé des choses, depuis que je suis rentré. Tout d'abord -petite parenthèse personnelle, une fois n'est pas coutume- je me suis marié. Comme si cela n'était pas de nature à suffisamment bouleverser ma vie, j'apprends dans la foulée que Poker770, pour qui j'assure les reportages depuis trois ans, ne fait pas de demande de licence Arjel.
"Mais pourquoi??!!" me demandais-je alors, poussant un hurlement frustré de bon aloi.

Il est vrai qu'au beau milieu de la débauche publicitaire occasionnée par les poker-rooms lors du passage au ".fr", mon interrogation est légitime: pourquoi un site de poker en ligne qui a consacré les cinq dernières années à développer une énorme communauté de joueurs Français; qui a dans le même temps sponsorisé une équipe de joueurs professionnels -qui nous a d'ailleurs fait vibrer l'été dernier à Las Vegas- pourquoi donc, cette poker-room qui possède pour le moins un fort potentiel sur le territoire Français, reste-t-elle volontairement à l'écart de la fête ?
On m'a souvent posé la question, et j'ai logiquement fini par la poser moi aussi à mon correspondant chez Poker770. Sa réponse est simple, et tient en deux mots: Pas Rentable.

Soit.

Bilan des courses: une famille à charge (que j'avais déjà avant mes noces, le temps où l'on restait chez Papa-Maman avant de se marier est révolu) et un avenir professionnel incertain.

Là-dessus (qui a dit "les grands esprits se rencontrent"?) je reçois un appel de Hugues Fournaise. On s'était vus à la mi-août puisqu'il a assuré la couverture photo de mon mariage, et il m'avait parlé d'un projet professionnel qu'il gardait dans un coin de sa tête depuis un moment. Bien entendu, j'avais un peu la pression quand il m'en a parlé: quand l'adjoint au maire qui vous marie n'arrive pas à prononcer votre nom sans balbutier, et que le traiteur a plus d'une heure de retard, on pense d'abord à la prochaine catastrophe probable, et pas trop à un prochain article de reportage poker.

Hugues a vite compris que je n'étais pas des plus réceptifs, et a sagement choisi de me rappeler quelques jours plus tard. Grand bien lui en a pris, car depuis, le projet a évolué, et notre grande première aura lieu lors du World Poker Tour d'Amnéville.

Entre deux, il y eu pas mal de brain-stormings, réunions, rendez-vous et autres b-b (bizness-bouffe), pour finalement obtenir un concept, et le nom de River Tells pour le mettre en avant.

Le concept est tout simple: vendre du reportage poker. Rien de neuf, me direz-vous. La seule différence, c'est que nous choisissons de le faire aussi bien pour les sponsors que pour les médias indépendants, pour les cyber-médias ou encore pour la presse écrite, avec des offres adaptées pour chaque besoin précis. Mais assez de bla-bla, je vous invite à aller voir cela de plus près en cliquant .

Dans peu de temps, notre site internet sera prêt. Le lancement officiel de l'aventure est donc prévu pour dans moins d'une semaine: PartyPoker nous a accordé sa confiance pour cette grande première, et nous assurerons donc la couverture officielle du World Poker Tour d'Amnéville, sur le blog de PartyPoker (en Français et en Anglais) et sur le site du casino d'Amnéville. Une première à fort potentiel, d'ailleurs, car si l'expérience est concluante, nous pourrions remettre ça lors du WPT de Paris.

Mon break de trois mois plus ou moins forcé prend donc fin, et il est temps pour moi de fourbir mes armes: je ressors mon calepin, je dépoussière mon appareil photo et aiguise mes crayons.

Une nouvelle aventure commence.

lundi 19 juillet 2010

Me voilà enfin de retour à la maison, après près de vingt heures de voyage... et ce n'est pas trop tôt. Après le trop-plein de lumières, bruits, gling-gling et chaleur sèche de Las Vegas, je suis ravi de retrouver le calme de mon coin de paradis.

J'ai quelques jours pour m'intéresser à tout ce que j'ai loupé pendant les WSOP. L'ouverture du marché Français au jeu en ligne a visiblement fait couler beaucoup d'encre, et je dois me mettre au diapason: nous avons tous eu l'impression de vivre ça de très loin, sans vraiment nous sentir concernés, pendant que nous étions à Vegas. J'ai lu les divers mouvements organisés à l'encontre des décisions litigieuses de l'ARJEL, et surtout à l'encontre des mesures abusives mises en place par les sites de poker en ligne, mais sans me sentir directement impliqué dans tout ça. Il a fallu que je rentre pour réaliser que nous autres, reporters poker, sommes justement parmi les plus concernés.

Je vais donc commencer par ouvrir mes comptes poker en .fr, puis faire le tour des rooms, voir un peu ce qu'il en est, quelles sont les diverses propositions de bonus, rake etc....

Je pense que mon prochain coverage sera le Partouche Poker Tour, comme l'année dernière, j'ai donc un mois durant lequel je ne vais pas voyager, que je pourrai consacrer à l'actualité poker.

Chaque année (depuis 2008) le Partouche Poker Tour est ce qui se rapproche le plus pour moi d'une rentrée des classes: on se retrouve entre potes, loin de l'agitation démesurée des World Series, on revoit plein de joueurs Français que l'on ne croise pas forcément durant le reste de l'année, le tout dans un lieu magnifique, au bord de la mer, et au soleil.

Après le PPT, les tournois vont probablement s'enchaîner, comme l'année dernière: le circuit EPT, l'Irish Winter Festival et l'Irish Open à Dublin, les Masters Classic of Poker d'Amsterdam (que j'ai loupé l'année dernière), les World Poker Tour qui installent quelques étapes en Europe... une année bien chargée, si tout se passe bien, durant laquelle j'essaierai d'updater ce blog le plus souvent possible.

D'ici là, je vais m'essayer au poker en ligne Made In France, en vase clos, et vous donnerai mes impressions dans quelques temps.

samedi 17 juillet 2010

Exit Vegas, Welcome Home

Il s'agit du dernier article que je publierai sur le sol Américain cet été: je quitte Sin City demain matin, décollage à 9h. Et c'est tant mieux, plus d'un mois d'affilée loin de chez moi, cela commence à être pesant.

Je suis repassé vite fait au Rio, pour dire au revoir aux copains, refiler mon téléphone mobile à Benjo -lui va rester un mois de plus, et il reste plein d'unités sur mon téléphone à carte, faut pas gâcher.

Il me reste deux ou trois trucs à faire, mais d'une manière générale, je suis prêt. Ne parvenant pas à dormi cette nuit, j'ai préparé mes valises, et me suis finalement écroulé vers six heures du mat(in.

Hier, j'ai passé la plus grosse partie de la journée à la villa Darcourt: Christophe est passé me prendre sur le Strip, et après avoir fait quelques courses, nous nous sommes retrouvés en pleine bataille d'eau avec les enfants de Guillaume et Caro. Fabrice et Claire nous ont rejoints plus tard, et nous avons pu apprécier un T-bone steack au barbecue, avant de sagement rentrer vers 1h du matin.

Quand je suis arrivé au Rio, tout à l'heure, j'ai pris le temps de faire le tour du casino avant de me diriger vers la salle de presse, comme pour dire au revoir aux machines à sous. Je suis également passé au starbucks: il était vide. Les WSOP 2010 sont belle et bien enterrées, le seul endroit qui ait encore une âme est l'Amazon Room, où les 56 derniers joueurs du main event s'évertuent à rester en vie le plus longtemps possible. Je connaitrais la table finale seulement une fois arrivé en France: je serai dans l'avion quand les November Nine seront présentés au monde. Cela fait un truc de plus que je loupe dans ces WSOP.

Je vais continuer à faire vivre ce blog, bien sûr, mais probablement moins souvent tant que je ne serai pas en coverage. En tout cas, merci à tous ceux qui m'ont lu durant ces WSOP, vos réactions sur facebook et/ou commentaires sur le blog m'ont beaucoup touché.

To Be Continued...

jeudi 15 juillet 2010

Rigged Hand

Il y a quelques jours, j'ai participé au tournoi des médias organisé par Harrah's lors des WSOP.
Suite à une initiative de Nolan Dalla, la première main a été trafiquée.

Jo Mannix était là, et a filmé la scène:


Oh Shit, I Hate Frenchies

Bill's Gamblin' Hall & Saloon

Hier, Jooles m'a tanné une bonne partie de la journée pour qu'on aille jouer un peu en cash-game à la table $0,5-$1 du Bill's. Je n'étais pas particulièrement chaud -je rappelle que je suis tout sauf un cash-gamer- mais il a fini par me convaincre, notamment en me finançant à 50% sur ma première cave. Oui, c'est vrai, je suis vénal.

Bref, en sortant du Rio après une journée de coverage, Jooles et moi avons donc sauté dans un taxi, puis nous sommes dirigés d'un pas guilleret vers le Bill's et ses tables de poker qui sentent la brokitude à plein nez. Le temps de commander une bière au bar de la poker-room, et deux places se libèrent: Jooles et moi cavons pour $100, et nous nous retrouvons côte à côte à la table, il est une heure et demie du mat'.
"Y'a pas beaucoup d'argent sur la table, mais on va les raser quand même" me glisse Jooles alors que la croupière distribue la première main.

Un petit tour d'horizon: à ma gauche, Jooles, là ça va. Ensuite, un Mexicain qui arbore une arcade sourcilière tellement développée qu'on le dirait tout droit sorti de la Guerre Du Feu, vous savez ce film dans lequel des hommes de cro-magnon passent leur temps à se mettre sur la gueule pour une étincelle. A sa gauche, un degen qui ne bouge pas d'un pouce, à part pour pomper sur la paille qui émerge de son verre.
Dans le virage, on a un type, la quarantaine environ, que j'appellerai Craby: c'est écrit sur sa figure qu'il ne daignera jouer qu'avec deux As. A ses côtés, un mec dans les 25 ans, qui a cavé au minimum, qui aime bien mettre un straddle à $2 avant de folder sur la moindre relance préflop. Il fera d'ailleurs deux relances préflop avant de spew sa cave et de repartir comme il est arrivé, dans l'indifférence générale. Et enfin, directement à ma droite, un vieux Texan style fort-knox, et un autre au profil de calling-station.

Et la croupière, bien sûr. N'oublions pas la croupière, une Asiatique qui doit compter une bonne cinquantaine d'année, et dont l'accent fleure bon le boat-people. Je mets d'ailleurs un certain temps à comprendre que "Hid-yioup" signifie "Heads-Up". A deux reprises, les joueurs doivent intervenir car elle hésite visiblement sur la personne à qui attribuer le pot, dans un coup plutôt évident, genre double-paire contre quinte par exemple.

Au bout de quinze minutes environ, elle se fait remplacer, et tout le monde pousse un imperceptible soupir de soulagement. Mais elle ne nous fiche pas la paix pour autant: Madame est polyvalente, et tandis que son collègue prend sa place, elle ramasse les verres à la table, les racks sous la table, fait bouger les joueurs pour nettoyer sous leurs sièges... tout ceci part d'une bonne intention, mais c'est plutôt gênant quand on est dans un coup.

En bref, ça se passe plutôt bien pour Jooles et moi: lui monte un beau petit tas de jetons, et je gagne quelques coups également, dont un plutôt standard: je raise préflop avec As-Roi, en bonne serrure que je suis, et une autre serrure call. Le flop m'apporte un As, je bet, le gars check-call. Le turn est un blank: idem. La river n'apporte rien de plus, et mon adversaire donk-bet à tapis, pour $21. Je fais le call, il retourne As-Dame et pousse un soupir de frustration en voyant ma main, et quitte la table. Jooles va lui aussi proprement décaver un joueur, lors de la main suivante.
Problème: les joueurs ne recavent pas, et l'on se retrouve bientôt à quatre. Il y a six joueurs sur la table voisine, nous décidons donc de nous rassembler à dix.

Et là, c'est le drame. Un Amérloque pur jus, d'une trentaine d'année probablement, est installé juste en face du croupier, et son taux d'alcoolémie doit frôler l'inimaginable. Il propose des cocktails à tout le monde -plutôt confortable, puisqu'il ne les paie pas- et laisse des tips astronomiques au croupier. C'est bien simple: dès qu'il gagne un coup, il ne garde que les jetons de $5 et donne tous les $1 au croupier. Lorsque nous nous installons, il nous demande d'où nous venons. "From France" répond Jooles.

"Oh shhhhhit" répond l'ivrogne. "I hate Frenchies."

"You French Guys Never Give Tips"

Et le voilà parti dans une diatribe contre les Français, qui sont nuls au foot, qui ne laissent jamais de pourboires, qui piquent les gonzesses des autres.... Il est plutôt marrant au début, mais les insultes viennent rapidement, et personne ne lui dit rien: le croupier n'a probablement pas envie de perdre ses pourboires monstrueux, et le gars est plutôt costaud, ce qui fait que les autres joueurs se contentent de nous regarder en hochant la tête d'un air navré.

J'ai travaillé dans un bar pendant plusieurs années, je devrais donc avoir la patience nécessaire pour supporter ce genre de comportement. Pourtant, rien à faire: je sens que ça monte. Je vais avoir envie de lui rabattre son caquet, à cet espèce de crétin, et de lui prendre tous ses jetons, quitte à faire une boulette. En gros, il est en train de me mettre en tilt. Je perds un premier coup, revenant à ma cave de départ, et voyant que le gars continue son monologue, me lançant régulièrement un "Hey, what ya think 'bout that, fuckin' Frenchie, mmh?" en misant un gros paquet de jetons, je préfère quitter la table, break even.

Tant pis, on se fera les raccros du Bill's un autre jour.

Il est trois heures du mat', je vérifie qu'il y a de la place au Victoria pour manger leur steak & eggs à $5, et je retourne à la table: Jooles se lève aussi, excédé. Les autres joueurs nous regardent en s'excusant, l'air impuissant: le comportement de leur compatriote les gêne énormément, mais que pourraient-ils bien faire ? Lui dire de rester poli ? Mec bourré n'a pas d'oreille, c'est bien connu.
Jooles est tout de même bénéficiaire de $150, et m'offre le repas au Victoria, avant que nous rejoignions tous les deux notre hôtel.

Glou-glou

Arrivé dans ma chambre, je prends une connection internet: les hôtels proposent une connection à $15 par jour, c'est hors de prix mais je vais en avoir besoin. J'en profite pour appeler ma chérie sur skype, vers 4 heures du mat' -il est 13h à la maison, et nous passons un bon moment à papoter.
Je me couche enfin vers 5h, pour me réveiller trois heures plus tard: il y a visiblement un problème de tuyauterie, j'entends des glouglous qui viennent de ma salle de bain. Je jette un œil: rien. J'appelle l'accueil pour signaler le problème: ils sont désolés, mais le circuit d'eau est en réparation dans la tour où est située ma chambre, et je risque d'être ennuyé une partie de la matinée. Puis-je avoir une autre chambre pour aujourd'hui, dans ce cas?
"Nous sommes désolés Monsieur, toutes les chambres de l'autre tour sont réservées."
Mon cul.
"J'ai vraiment besoin de dormir, je suis sûr que vous allez me trouver une solution...."
"Je n'ai rien à proposer pour le moment, je vois mon manager et je vous rappelle."

Je surfe un peu sur internet, regarde un film, rappelle la réception sans résultat, et j'arrive enfin à me rendormir vers midi, pour me réveiller vers 16h, en sursaut et en nage: la clim' est stoppée, j'ai laissé les rideaux ouverts, et il fait une chaleur d'ours dans la chambre.
Comme souvent, c'est le téléphone qui m'a réveillé, sauf que cette fois-ci, ce n'est pas mon portable: c'est la réception qui me rappelle.
"Monsieur, nous avons le plaisir de vous informer que les travaux dans votre tour sont terminés, vous allez pouvoir vous reposer. Nous sommes désolés pour le désagrément que cela vous a causé."
Je raccroche, furieux, sans même penser à gratter un dédommagement.

Beef Rice Noodles & Diet Coke

Vers 18h, j'appelle Guillaume Darcourt, pour savoir si je peux passer à sa villa demain: une après-midi piscine/ping-pong/bière fraîche me semble toute indiquée.
"Je te rappelle tout à l'heure, je vais organiser un truc."
Une heure plus tard, il me rappelle:
"Ok, rendez-vous demain à la villa, pour un après-midi glandouille-piscine, et barbecue le soir. Il y aura Christophe (Benzimra) et Katherine, Thomas (Bichon), Fabrice (Soulier) et Claire, et nous."
Cool, ça. Un genre de pool-party rien qu'à nous, avant de quitter Sin-City, avec T-bone steak au menu le soir.

Dans la foulée, Antonio m'appelle: le qualifié Poker770 quitte Las Vegas demain, et me propose de dîner avec lui et Stéphanie, sa chère et tendre. J'accepte avec plaisir, et les retrouve une demi-heure plus tard au bar du Bally's. Le temps de siroter une bière, on discute de tout et de rien, et surtout de téléphone: mon Iphone est définitivement mort suite à une chute inopinée dans la piscine, et le sien vient de planter, restant bloqué sur l'écran de démarrage, et ça le rend tout malheureux.
Je propose d'aller manger un morceau au Noodles du Bellagio. Le Noodles, comme son nom l'indique, est un bar à nouilles, généralement cuisinées au Wok -mais pas que: la carte y est tout de même plus fournie, l'accueil est de qualité. J'y vais au moins une fois chaque année; c'est Fougan et Pascal Perrault qui m'y avaient invité lors de mon tout premier séjour à Vegas, et j'ai plaisir à y retourner de temps en temps. Je prends un Beef Rice Noodles accompagné d'un coca light pour faire glisser tout ça.


Stéphanie, moi-même et Antonio, devant la salle High-Stakes slots du Bellagio

Antonio revient sur le main event, et sa déception de ne pas vraiment avoir eu sa chance: à chaque fois qu'il a monté des jetons, il a pris un set-up, et lors du day 3, il a pris trois set-ups de suite, avant d'être éliminé. De plus, nous sommes conscients du fait qu'il va être beaucoup plus difficile de se qualifier online désormais, car depuis l'ouverture du marché Français au jeu en ligne, le field est réduit à un vase clos. Fini, les satellites avec 200 places garanties.
En sortant du Bellagio, on passe rapidement par le Flamingo, avant de s'arrêter devant une table de craps du Bill's. Antonio est assez intrigué par le craps, et après mes maladroites explications -ma connaissance du craps est plus que limitée- nous sortons chacun $50 de notre poche, pour tenter le diable. Problème: le diable a gagné, nous laissant avec un goût de frustration dans la bouche, nos $50 s'étant évaporés en cinq minutes.

On sort du Bill's vers minuit, il est temps de se dire au revoir: Antonio et Stéphanie ont leur avion demain soir, et comptent bien profiter de leur dernière journée sur le sol américain.

De retour au Bally's, je jette un œil sur les divers coverages du main event: la journée a été une vrai boucherie. Sur les 570 joueurs qui ont pris place dans l'Amazon Room à midi, il n'en reste que 205, dont huit français. Cette information me laisse curieusement froid: pour la première fois depuis que je suis arrivé à Vegas, j'éprouve un désintérêt total pour le poker.

C'est sûr, il est plus que temps que je rentre.

mardi 13 juillet 2010

Chronique d'une mort annoncée

Convention Center du Rio, 14h30 (23h30 en France)

Le day 4 du main event des WSOP est engagé depuis deux heures et demie maintenant, et je me dirige vers la poker kitchen: j'ai la dalle, et les salades composées m'appellent.
Je me retrouve dans un couloir désert: ça y est, l'hémorragie a commencé. Le guichet d'enregistrement du Rio est fermé, et c'est sans doute la dernière fois que cet hôtel accueille les WSOP -une rumeur court, disant que le Planet Hollywood pourrait bien devenir le prochain temple des WSOP à partir de 2011. J'ai du mal à y croire, ne voyant pas précisément où l'on pourrait caser toutes ces tables de poker.

Le Rio se déleste peu à peu de ses joueurs, les couloirs se vident, et si l'agonie n'a pas encore vraiment commencé, cela ne saurait tarder, car l'hémorragie est violente: tous les éliminés du main event ont leur avion aujourd'hui ou demain, le Pavillon ne contient plus que du vide, la fête se termine. Cela laisse comme une impression de manque, de vide, qui nous fait dire: "Quoi? Tout ça pour ça? On se casse le cul à être présent chaque jour de 11h à minuit pour finalement se retrouver comme un con devant un couloir vide..."

Ma championne du monde préférée a été éliminée: Vanessa Hellebuyck a perdu son ultime coin-flip, 250 places avant de faire l'argent. Même si Julien Brahic, qualifié Poker770, est encore en course, le fait que Vanessa ait sauté ressemble à une fin en soi. Elle a gagné son premier bracelet lors du Ladies Event début juin, et quelques semaines plus tard, elle est éliminée au day 4 du main event. La boucle est bouclée pour les WSOP 2010, en ce qui me concerne.

Vanessa Hellebuyck, qui a remporté le Ladies Event des WSOP cette année

D'un autre côté, je suis plutôt content que cela se termine. Cela fait quelque jours que l'effet saturation de Las Vegas est présent en continu chez moi, et les quelques heures de sommeil et/ou les fiestas avec les potes qui suffisaient généralement à estomper cette saturation, sont désormais inopérants. Vivement que je rentre à la maison, je deviens imbuvable: j'ai passé mon temps à me plaindre ce matin...

Bubble Time

Il reste plein de français en course, heureusement, et les espoirs d'un deep run sont toujours vivaces, d'autant qu'un cap prépondérant sera franchi dans la journée: la bulle.
Il n'y a pas de place plus honnie dans le monde du poker que la bulle du main event: le dernier éliminé qui repart les poches vides est présenté à toute la poker-room et applaudi par tous les joueurs restants, qui sont soulagés que le sort soit tombé sur un autre.

Même s'il ne s'agit que d'argent, et pas de vie ou de mort, j'ai toujours considéré la bulle comme une mort virtuelle. On fait tout ce qu'on peut pour survivre pendant les longues journées de tournoi, utilisant toutes les armes à notre portée: les bonnes cartes, bien sûr, mais aussi la puissance d'un gros stack, la persuasion d'un trash-talk, la fatigue des autres, l'avantage de la position sur un joueur plus faible, la peur d'un adversaire qu'on tourne à notre avantage, la célébrité pour certains, tous les ingrédients d'un bon bluff... dans un seul et unique but: entrer dans les places payées, où on ne mourra plus tout à fait, puisqu'on aura touché un peu d'argent pour tous nos efforts.
Et là, c'est le drame: on saute à la place du con. Et tout le monde se lève pour vous applaudir, vous remerciant implicitement d'avoir accepté d'être le dernier à mourir sans contrepartie, leur évitant la honte suprême. J'ai rarement vu 747 personnes aimer unanimement une même personne, ni cette même personne haïr les 747 autres avec une telle intensité, même si ce moment est fugace, tout en faisant bonne figure.


Quand la bulle explose, les cris de joie aussi.... Crédit photo: Kinshu@clubpoker

Le moment où Jack Eiffel lancera dans le micro "Congratulations Guys, You're In The Money" sera incroyable, comme chaque année: 747 joueurs crieront leur joie à l'unisson, et une allégresse un peu folle envahira l'Amazon Room. Puis le jeu reprendra, et une centaine d'éliminations arriveront très vite: tous les petits tapis qui étaient en mode "Fort Knox" pendant la bulle vont se lâcher, avec l'effet que l'on connait.

Vers 19h00, alors qu'il ne reste que 4 joueurs à éliminer avant d'entrer dans la money-list, Jack Eiffel (Tournament Director) annonce qu'une pause de 90 minutes a été aménagée pour que le joueurs partent manger. Réaction immédiate et unanime des joueurs: Jack Eiffel se fait huer. Tout le monde aurait préféré que la bulle explose avant de quitter la poker-room, et il est vrai que les short-stacks risquent d'avoir des problèmes de digestion. Ceci dit, on sait que la bull peut durer très longtemps, et Jack Eiffel n'avait probablement pas envie d'envoyer les joueurs en pause-repas trop tard.

A peine une heure après avoir repris les jeu, la bulle éclate, et les joueurs laissent exploser leur joie: chacun prendra au minimum $19,603. Julien Brahic, dernier représentant de Poker770, est tout juste payé: il saute quelques minutes après être rentré dans l'argent.


Julien Brahic au moment où il apprend qu'il est dans l'argent

28 autres Français sont dans la money-list, ce qui est plus qu'honorable, dont certains qui me touchent personnellement, comme Fabrice Soulier, Jean-Paul Pasqualini, Antony Lellouche, Germain Gillard, Julien Lang Van... Le coverage se termine pour moi ce soir, je pense. j'ai envie de profiter des trois jours qui me restent pour me balader un peu, notamment à Fremont Street où je n'ai pas encore eu l'occasion d'aller cette année. Je ferais un up-date en fin de journée sur le main event, n'ayant plus de joueurs Poker770 à couvrir.

Dans les jours qui viennent, l'agonie des WSOP 2010 va s'accélérer, jusqu'au le 17 juillet, où il ne restera plus qu'une poignée d'irréductibles qui regarderont la table finale se former. Le monde du poker devra ensuite retenir son souffle jusqu'en novembre pour connaître le vainqueur du main event 2010.

lundi 12 juillet 2010

Gangsta Time

Depuis hier soir, j'ai un nouveau grand souvenir à classer dans la catégorie "Plus Grand Souvenirs De Ma Vie": j'ai assisté à un concert privé de Snoop Dogg au Rain, le club du Palms. Pokerstars nous a en effet accueillis hier soir pour sa soirée annuelle des WSOP, et nous a offert ce moment exceptionnel.

Mais revenons sur cette journée:
Je me suis levé vers 10h30, pas de bonne heure mais de bonne humeur: j'allais pouvoir toucher des vraies cartes, jouer avec des vrais jetons, contre des vrais joueurs, au beau milieu de l'Amazon Room. J'ai rapidement déchanté: arrivé au Rio à 11h30 -alors que le tournoi des médias commence à midi- je me fais bloquer devant la porte d'entrée de l'Amazon. Le garde m'explique que le tournoi ne commence qu'à midi, je ne peux donc pas entrer avant midi. Il n'y a pourtant pas d'autre tournoi aujourd'hui. "Il y a une raison particulière à cela?"
"Oui" me répond-il, en me regardant droit dans les yeux, sans développer.
Ah bon.
Trois minutes plus tard, nous sommes une vingtaine à attendre devant ce garde, qui disparaît soudain sans dire un mot. Nous en profitons pour entrer dans l'Amazon, passons devant deux membres de la sécurité, personne ne nous arrête... Il y a des jours où l'on se demande si on ne rêve pas.

Je retrouve Kinshu, Jooles, Benjo, Jo Mannix, Christophe (card players france) dans l'Amazon Room, où chacun prend sa place. Nous sommes 130 inscrits à ce tournoi des médias, et seuls les neuf joueurs qui iront en table finale obtiendront un lot: un sac qui contient probablement des goodies offerts par un sponsor.
Seule la première place vaut le coup: il y a un IPad à gagner. Tous les participants au tournoi obtiennent une casquette et un t-shirt à l'effigie de Jack Links, le sponsor principal, qui distribue de la viande de boeuf séchée.
A la réflexion, je me demande ce que j'ai bien pu faire de la casquette vert pomme Crédit Agricole que j'avais gagné lors de la fête de mon école en CE2, elle serait toujours plus facile à porter qu'une casquette qui vante les vertus de la viande séchée.

Un petit coup d'oeil sur la structure du tournoi: chaque joueur commence avec 10,000 jetons, pas mal. Les blinds de départ sont 100-200, moins bien. Les 8 premiers niveaux durent 20 mn, les suivants 15. Ok, en avant pour le crap-shoot.

Lorsque tout le monde est installé, Nolan Dalla, directeur des médias pour les WSOP, prend un des joueurs de ma table à part, et lui glisse discrètement quelques mots à l'oreille. Deux minutes plus tard, il fait la même chose avec une autre joueuse située elle aussi à ma table, puis c'est mon tour.
"Tu as une seconde à m'accorder?" Je me lève et le retrouve près de l'estrade médias. "Tu vas adorer ça" me dit-il en gloussant comme un gosse qui prépare une blague, avec son look de day off: lunettes de soleil, foulard sur les cheveux. "Lors de la première main, tu vas recevoir une paire de Trois. Quoiqu'il arrive, tu fais tapis ok ? Il y a un mec à ta table à qui on veut faire ce coup là depuis longtemps"
Ok, pas de problème Nolan, avec plaisir.

Photo prise par Jooles

5 minutes plus tard, Nolan Dalla prononce un petit discours d'introduction, remerciant tous les reporters d'être venus, louant le travail de chacun, tout en ponctuant ses phrases de petites touches d'humour, avant que le tournament director ne lance le "shuffle up and deal" rituel.

Première main: je touche effectivement une paire de Trois. Alors que le joueur UTG a relancé à 600, un autre à sur-relancé 2,400, j'envoie tapis pour 10,000 comme convenu... et nous nous retrouvons à 4 à tapis dans le coup. Les trois autres ont respectivement une paire d'As, une paire de Rois et une paire de Dix.
Nolan rameute tout le monde en hurlant "all-in and call table 368, 4-way pot!" C'est donc sous les appareils photos (j'ai même vu Jo Mannix qui filmait) que le flop tombe: As-Roi-Dix. Hurlements autour de la table.

Turn: 3

Nolan me fait un clin d'oeil depuis l'autre côté de la table, tous les français autour de moi se mette à hurler "3! 3! 3!" Pauly est juste derrière moi, il appelle un trois lui aussi, tout le monde est déchaîné.

River: 3

Même si c'est un fake, je ne peux m'empêcher de jouer le rôle jusqu'au bout, poussant un hurlement de viking quand je touche le carré, du genre "Yeah Baby, one tiiiiiiime!"

Après ça bien sûr, les jetons sont rendus à chacun, tout le monde se marre, et on reprend le jeu, le vrai, cette fois. Dommage, j'aurais bien gardé les 40,000 jetons, moi.

Sur le tournoi en lui-même, pas grand chose à dire: je double très vite avec deux As contre deux Neuf, et monte quelques beaux pots, mais je suis rapidement changé de table. J'arrive à la table de Jooles et Jo Mannix, qui sautent rapidement. La structure est vraiment atroce, et de plus ça joue n'importe comment. Je perds quelques coups en faisant un peu n'importe quoi, et je retombe à 15,000 jetons. Une petite vieille est située juste à ma gauche et est plutôt active: c'est contre elle que je vais sauter après une heure et demie de jeu, avec une paire de Valets contre sa paire de Rois. Pour une fois qu'elle avait un jeu, il a fallu que ça tombe sur moi. Je ne méritais pas d'aller plus loin, de toute manière, ayant joué comme une huitre dans les derniers moments.

On mange un morceau vite fait, en regardant la fin de la finale de la coupe du monde, puis Jooles, Chris, Kinshu et moi passons les 4 heures suivantes à faire du shopping au Las Vegas Outlet Center. Oui, encore, il me manquait deux ou trois trucs.

Retour au Bally's vers 19h pour une mini-sieste, puis je retrouve Jooles et Chris au Paris à 20h: nous nous enfournons dans un taxi, direction le Palm's: la soirée Pokerstars nous attend.

Nous retrouvons Ahmed Debabeche sur place, qui s'est qualifié sur pokerstars pour participer au main event des WSOP. Si ce nom ne vous dit rien, il est possible que "Mr Kast" vous dise quelque chose: Ahmed a été choriste du groupe NTM dans les années 90. Il nous file des entrées pour la soirée Pokerstars, et nous voilà dans la place. Nous retrouvons les Made In Poker sur place: Fabrice Soulier, Jules, Steven, Claire...

Ahmed "Mr Kast" Debabeche

Le temps de boire un ou deux verres, et une Canadienne un peu déjantée fait la première partie du concert. Morceaux de musique sympas, sans plus, talent de la chanteuse probablement gâché par le mauvais réglage du son et l'accoustique merdique de la boite. Elle finit son set, et l'attente commence: Snoop Dogg est rodé au star-system, et doit probablement prendre le temps de finir la réserve de coke du Rain, avant de se pointer sur scène. Un heure et demie après, je lance à Jooles que "si ce connard se pointe pas dans les dix minutes, je me casse"


S'il y a une chose que je déteste, c'est bien attendre. Surtout attendre à 3 mètres de la scène, au beau milieu d'une foule de fans surexcités, bousculé dans tous les sens par des reporters de Poker Listings complètement bourrés. Heureusement pour moi, je n'ai pas eu besoin de partir: Snoop Dogg est enfin arrivé, arborant le maillot de foot de l'Espagne, et l'attente valait franchement le coup: on a passé 45 minutes à sauter, hurler, kiffer....

Le gars assure, et déploie un charisme phénoménal alors qu'il reprend des anciens titres, que le public scande dans un ensemble assourdissant. A près de 40 ans, Snoop Dogg est clairement une bête de scène, qui mérite amplement son succès. Je ne savais pas trop à quoi m'attendre lors de ce concert privé, mais j'avais surtout peur qu'il nous fasse un p'tit tour de chant et puis s'en va, eh bien pas du tout.

Après cela, la salle s'est rapidement vidée. Jooles et moi sommes allés au Bill's gamblin' Hall & Saloon pour déguster un steak&eggs à $5 (bon plan de la nuit: entre 23h et 6h du mat', un steak avec des oeufs, des toats et des frites pour $5, ça le fait)

Je suis rentré au Bally's vers 2h30, et me suis écroulé sur mon lit, pour être réveillé encore une fois par le téléphone ce matin, à 9h30. Il faut vraiment que j'apprenne à l'éteindre, ce portable.