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samedi 26 juin 2010

Welcome To Grand Canyon


Il y a quelques jours, grâce à une série de circonstances, j’ai pu réaliser quelque chose qui me faisait baver depuis longtemps : un aller-retour au Grand Canyon en hélicoptère. C’est déjà ma quatrième visite à Las Vegas, et jusque là, je ne m’étais intéressé que de loin aux compagnies qui proposent l’aventure : les prix plus que prohibitifs m’avaient immédiatement calmé.


Et soudain, il y a quelques jours de cela, ma collègue Emilie m’appelle et me dit qu’elle a réservé un hélicoptère pour le lendemain, avec Nicolas Levi, Davidi Kitai et Virginie Efira. Si ça me tente, il reste une place. Pour la modique somme de 330 dollars. Gloups.


Je suis fortement tenté, mais j’ai déjà perdu un peu d’argent en cash-game, j’ai du shopping à faire, bref je me dois d’être raisonnable : je refuse l’invitation.

Le lendemain matin, Emilie me rappelle : Davidi Kitai avait complètement oublié qu’il était inscrit dans un tournoi - $ 10,000 Pot Limit Hold’em – et il doit décommander le Grand Canyon. Problème : les places sont payées, et il est impossible de se faire rembourser. David propose de revendre sa place à moitié-prix, suis-je tenté ? Je n’ai plus aucune raison de refuser : la place est désormais dans mes prix, même si je ne l’avais pas particulièrement prévu dans mon budget, et l’idée de boire une coupe de champagne dans le Grand Canyon en compagnie d’Emilie, Virginie et Nico m’emballe vraiment. De plus, il s’agit d’un baptême en hélicoptère pour moi : j’accepte tout de suite.

Nous nous retrouvons donc à 15h20 au Bally’s, où une limousine nous attend, pour nous emmener à l’aéroport McCarran. Arrivés là, on vérifie nos identités, on nous pèse, on nous étiquette avec notre prénom et le numéro de notre hélico, puis c’est l’heure des consignes de sécurité : à lire d’abord, et pour être sûrs qu’on ait bien compris, à regarder avec attention sur un écran de télévision.

Arrive enfin le moment tant attendu : notre pilote vient nous chercher, et nous fait grimper dans l’hélico, non sans un ultime rappel des règles. Et la ballade commence.

Je suis habitué aux décollages en avion, mais la sensation ressentie en hélicoptère n’a rien à voir : on se sent réellement tiré par le haut, balloté tandis que le pilote fait du surplace, un peu comme une marionnette qui n’aurait qu’un seul fil, sortant du haut de son crâne. Une fois l’autorisation délivrée par la tour de contrôle, notre pilote a alors fait piquer du nez son appareil, et a remonté la piste avant de s’élever dans les airs, en direction du Lake Mead.

Le barrage Hoover

Le vol est superbe : on survole le désert jusqu’au lac Mead, que l’on traverse à plusieurs reprises, passant en Arizona. L’hélico est équipé d’un système audio qui nous explique le paysage que nous avons sous les yeux, par le biais de nos casques : un brin d’histoire, un peu de géo et de sciences naturelles, tandis que nous survolons Boulder-City, le barrage Hoover, le lac Mead donc, et enfin, on arrive au Grand Canyon. Et on se sent tout petit.

L’impression ressentie est assez étonnante : malgré le fait que l’on sait qu’il s’agit d’une des attractions touristiques les plus courues de Las Vegas, que tout est organisé pour que l’on se sente privilégié, tout en étant conscient que des millions d’autres paires de baskets ont foulé la poussière rouge avant nous, rien à faire, la nature prend le dessus: quand on arpente le sol de cet immense couloir rocheux, il y a un moment où l’on se sent unique, comme si l’on était le premier à venir ici, comme si l’on était prêt à planter le drapeau de la découverte. Pionnier.


Deuxième effet étonnant : on n’ose pas hausser le ton, ni crier. On parle presque tout bas, comme si l’on avait peur de déranger quelque chose de sacré, de troubler un moment d’éternité, de briser le silence et, par notre faute, que cet endroit perde un peu de sa grâce.

Au bout de dix minutes, on retourne près des hélicos, on s’installe sous une sorte de hauvent couleur camouflage, et la magie se brise instantanément. Retour aux bonnes vieilles valeurs capitalistes et touristiques : on nous fait asseoir, on nous offre une coupe de mousseux, un sandwich, une pomme, parce qu’il faut quand même qu’on en ait pour notre argent.


Le Lake Mead au retour, avec le reflet du soleil

Le vol de retour s’effectue dans un état d’esprit différent qu’à l’aller : j’ai personnellement eu une impression de perte ou de regret, et à la fois une sensation d’apaisement, et de libération. Le spectacle des reflets du soleil couchant sur la Lac Mead a achevé cette journée, juste avant de survoler le Strip, puis vient le moment du retour brutal à la réalité, presque douloureux : le bruit des machines à sous, les lumières éblouissantes, et ce besoin viscéral de consommation qui caractérise Las Vegas.

Une demi-heure plus tard, tout est oublié : nous voilà repartis dans le train-train des updates, de prise de notes des dernières mains de poker, des analyses de mains, des photos.

Mais qu’à cela ne tienne : la magie est là, tout près et pour longtemps, pour qui veut bien la saisir, ne serait-ce qu’un instant.

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