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jeudi 1 juillet 2010

C'est pas passé loin

Ce matin, alors que je m'installe sur l'estrade presse du Rio, mon Skinny Vanilla Latte -Starbucks saved my life- a un goût de paradis.
La nuit a été courte: j'ai réussi à dormir quatre heures avant que mon téléphone sonne et me tire du néant, et il m'a été impossible de me rendormir ensuite. La faute m'en incombe: je n'avais qu'à l'éteindre avant de me coucher. Je me réveille donc en sursaut, de mauvais poil, et quand Jamel Maistriaux (mon room-mate, cf posts précédent) essaie de me parler, il n'obtient en retour qu'un vague grognement irrité. J'imagine qu'à cet instant précis, vu de l'extérieur, je dois ressembler à un ours à la pilosité contrariée, albinos de surcroît, qui tenterait de sortir d'une longue hibernation.

Arrivé au Rio, je me prends un copieux petit déj': Vanilla Skinny Latte, Blueberry Muffin et Apple Danish. Tout dans les poignées d'amour, ça, c'est fait.

En passant dans le corridor principal, je ne peux m'empêcher de remarquer que Phil Hellmuth a ouvert son lounge. Ou tout au moins un lounge qui porte ses initiales, mais pas que: environ 110 kg de bombasse vous accueillent à l'entrée, c'est d'ailleurs une des deux raisons qui fait que je suis resté dehors.




L'autre raison pour laquelle je suis resté dehors? Je ne suis pas V.I.P. Le grand garçon en costume sombre et lunettes noires planqué derrière le comptoir d'accueil m'aurait probablement arraché un ou deux doigts avant de me demander gentiment de sortir, si j'avais seulement osé poser un orteil sur la moquette du lounge.



D'ailleurs, un horrible doute m'assaille. Juste en face des bombasses sus-citées, je remarque qu'il y a un banc, tout ce qu'il y a de plus banal, me direz-vous. Sauf que sur ce banc, se trouve un homme endormi:



Du moins, je pense qu'il est endormi. J'espère. Imaginons juste un instant que lui ait essayé d'entrer: le costume noir s'est peut-être occupé de son cas, et l'aura laissé là, à l'état de légume... Brrr. Passons.

Quelques heures plus tard, Guillaume Darcourt se retrouve en table finale du WSOP $3,000 Triple Chance NLHE. Il compte 1,500,000 jetons, et a une vraie chance d'aller décrocher le bracelet tant convoité.




La table finale du WSOP $3,000 Triple Chance NLHE

Le rêve semble accessible: après les deux premières heures de jeu, ils ne sont plus que six, et Guillaume Darcourt est bien pourvu en jetons. Les railbirds français sont là pour l'encourager:




En début de soirée, le field est réduit à quatre joueurs, et Guillaume est chip leader avec près de 40% des jetons du tournoi. Patrick Bruel et David Benyamine viennent l'encourager à ce moment-là: un deuxième bracelet Français est désormais tout à fait possible.

Les heures qui suivent sont un enfer: Guillaume doit se défendre contre deux sharks issus de la toile: Ryan "gutshtallin" Welch et Jon "sketchy1" Eaton. Guillaume doit faire face à des coups savamment joués, des relances finement dosées, et finit par rendre les armes quand Jon Eaton touche sa quinte flush au turn, alors qui Guillaume a sur-relancé à tapis avec la deuxième paire, au flop.
Guillaume signe ici sa meilleure performance en terme de gains, après sa victoire lors du WPT de Bucharest, en avril dernier. Nul doute que le français est désormais bien implanté sur le circuit international, et qu'on le reverra prochainement dans les short-lists des plus grands tournois.



J'adore cette photo: elle a été prise par mon pote Jules Pochy, Made In Poker

La journée a été longue, et intense: j'ai la nette impression d'un coït interruptus quand Guillaume est brusquement éliminé du tournoi. C'est dur, même si la performance est énorme: je n'ose même pas imaginer ce que ressent Guillaume. En ce qui me concerne, une enclume s'abat sur mes épaules, et j'ai du mal à dissimuler les larmes qui me montent aux yeux quand je retourne sur l'estrade média, en trainant des pieds: dans les prochaines minutes, je vais devoir faire ce que je déteste: raconter comment un de mes joueurs a sauté. Je bâcle rapidement l'article sur le blog de la Team770, comme si le fait de l'écrire vite allait changer quelque chose. Le bracelet était si proche, là, tout près, il pouvait presque le toucher.... fait chier. Mais la performance est tellement belle...

Je finis de taper mon post quotidien dans la villa de Guillaume et Caro, alors que le champagne pétille dans les verres, et que l'on discute de la journée, et des palmarès respectifs de chacun. Il faut dire qu'on en a une paire, de palmarès, réunis au même endroit.... il faut d'ailleurs que je vous laisse, on me traite de geek incapable d'apprécier un bon moment, je me dois de leur prouver qu'un reporter aussi sait descendre une vodka cul-sec. A demain.





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