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jeudi 1 juillet 2010

Ship It!

Arrivé au Bally's hier soir, j'ai eu la surprise de trouver Jamel dans son lit, en train de regarder un épisode de Scrubs. J'étais pourtant persuadé qu'il serait en train de jouer en cash-game, mais non: le pauvre se traîne un gros rhume depuis la première nuit, je cite: "à cause de ce putain d'air co" - comprenez: air conditionné - et il passe son temps à renifler.
J'ai lu quelques pages d'un excellent bouquin de Pierre Bordage avant de m'endormir (pour ceux que ça intéresse, et qui aiment la S.F., il s'agit d'Abzalon.)

J'ai encore eu un mal de chien à me lever ce matin: ma première mission du jour était de me rendre à la villa des Darcourt suffisamment tôt pour pouvoir y faire une lessive... c'est prosaïque, je sais, mais il y a une constante qu'on peut difficilement éviter: le linge se salit, c'est scientifiquement prouvé, il faut donc le laver. L'idée de refiler $100 de frais de pressing au Bally's me hérissant le poil, je me suis incrusté chez Guillaume et Caro pour squatter leur machine à laver. Premier gros (énorme) avantage: cela ne me coûte rien. Deuxième avantage: mes collègues reporters pourront continuer à travailler sereinement, sans avoir à chercher la source de cette odeur pestilentielle qui vient leur chatouiller les narines.

Le chauffeur de taxi a un peu de mal à trouver la villa, perdue entre Grand Canyon Drive et Reno Avenue, mais après avoir appelé son dispatch, il me dépose à bon port.

Quand j'arrive, la maison s'éveille tranquillement. Un bon café me met à peu près d'aplomb, et je jette mon linge sale dans la machine avant de checker les news online.

Une lessive et un burger "made in Caro" plus tard, nous voilà dans la voiture de location de Guillaume, avec Stephan et Rebecca Gérin, et Coralie Nauder, qui vont jouer le $225 Deep Stack du Caesar. Ils nous déposent au Rio, où Guillaume et Mickael Sebban prennent leurs places dans le day 2 du $3,000 Triple Chance.

Quant à moi, eh bien comme chaque jour je rejoint ma place sur l'estrade presse de l'Amazon Room, où je retrouve Ronan (Team Partouche), Benjo et Harper (Team Winamax), Jules Pochy (Made In Poker), Paul McGuire (Tao of Poker) et les autres... une autre journée de poker commence.

L'attraction principale du Rio aujourd'hui ? Un tournoi que tout le monde attend avec impatience: l'event #52, un tournoi de No Limit Hold'em à $25,000 de buy-in, joué en 6-handed.

$25,000. Je répête: vingt-cinq mille dollars. Plus d'un an de salaire, en ce qui me concerne. Davidi Kitai, excellent joueur Belge sponsorisé par Winamax, et déjà détenteur d'un bracelet WSOP, porte aujourd'hui un T-shirt tout à fait adapté à la situation: il arbore sur la poitrine un "Got Cojones?"* complètement approprié, surtout quand on joue ce genre de tournoi High-Roller, qui nécessite une telle maîtrise de la discipline short-handed que cela tient de la dimension artistique.

Davidi Kitaï, pendant le $25,000 short-handed

*"T'as des couilles ?"

En parlant de High-Roller, j'en tiens un beau, que je ne peux m'empêcher de vous faire admirer:

Il est pas magique, celui-là ? Un vieux-jeune, comme dirait Benjo. Les sweats à capuches bariolés et dorés qui donnent mal aux yeux, estampillés Christian Audiger, il aurait été mieux inspiré de les laisser à ElkY. Ceci dit, je ne peux m'empêcher d'admirer la touche méchamment kitsch, avec les grosse bagouses dorées et la montre en or qui va bien.
Mec, j'te connais pas, mais si j'avais une boîte de nuit à Vegas, t'aurais ta table réservée tous les soirs, pour sûr.

Pendant que je critique les goûts vestimentaires d'un joueur qui a probablement plus de talent que je n'en aurai jamais, la bulle éclate dans le $3,000 Triple Chance: 5 français sont payés. Mes potes Christophe Benzimra, Guillaume Darcourt et Julien Brécard en font partie, ainsi que Yann Brosolo, que j'ai rencontré et apprécié lors de l'European Poker Tour de Prague en décembre dernier, et enfin Julien Arneodo, que je vois pour la deuxième fois: il avait fait une belle quatrième place lors du WPT de Marrakech, en octobre 2009.

Julien Brécard saute juste après l'entrée dans l'argent. Même s'il ne s'agit que d'un petit ITM, je suis content pour lui: la réussite lui manquait depuis le début de ces WSOP, et ce mini-cash a dû le remettre en confiance. GG, Bro.

Je passe un bon moment pendant le diner-break avec Christophe et Guillaume, un très bon moment, même. Vous savez, ces moment où tout est permis, où l'on peut croire sans trembler que, finalement, la putain de table finale n'est pas si loin, où l'on se motive les uns les autres. Où l'on revient sur les mains jouées dans les heures qui ont précédé, on s'auto-critique, on prend de bonnes résolutions... avant de retourner au turbin ,en souhaitant de toutes nos forces que les dieux des bad-beats s'intéressent à quelqu'un d'autre.

Peu de temps après la reprise, nous perdons Yann Brosolo, dans des circonstance probablement dramatiques, mais qui m'ont échappé: une fois de plus, j'ai loupé un moment important. Clément Thumy jouait le rôle du railbird à ce moment-là, si je croise l'un ou l'autre, je leur demanderais, à l'occasion.

Peu après, Guillaume Darcourt fait un bond en avant: il gagne un pot équivalent à deux fois la moyenne, ce qui est énorme à ce stade du tournoi - il ne reste plus que 58 joueur sur 965. Guillaume gagne un coup dont on a tous rêvé un jour: il a une paire d'As en main, et fait face à une paire de Rois et une paire de Valets. Ajoutez à cela que les tapis s'envolent préflop, et que les As tiennent, vous obtenez un tapis énorme et un homme heureux.

J'entends déjà ceux qui disent "Ah ben alors dis-donc oui, c'est facile, de gagner comme ça" Une seule réponse me vient à l'esprit:

Cessez donc de nous asséner des évidences, que diable, et carpe diem, quoi, merde alors! Gagner avec une paire d'As servie a sans doute moins de panache que de faire un hero-call, c'est sûr que la part de chance de trouver deux grosse mains en face est énorme, mais ça se prend quand même, non? Que celui qui n'a jamais chatté au poker me jette les As préflop, voilà.

Quelques heures plus tard, Guillaume fait partie des douze derniers joueurs qui reviendront au day 3. Avec les swings qu'on lui connait, il est passé par plusieurs stades, et est resté très longtemps chip-leader, avant de finir la journée avec 613,000, un peu en-dessous de la moyenne.

Christophe Benzimra ne sera pas de l'aventure demain: il a sauté en treizième place, son short stack n'ayant pas résisté à une longue période card-dead. Impressionant de régularité, le champion EPT de Varsovie réalise ici son troisième ITM depuis le début de ces WSOP 2010.

Il est 3h15 du mat' ici au Rio, et je m'en vais me coucher, jeunes gens. Je viens de réaliser que je serai de retour ici dans 8 heures: Jamel Maistriaux joue le $1,000 de demain. Et Guillaume Darcourt reviendra à 14h30 pour tâcher d'atteindre la table finale, et pourquoi pas de décrocher un bracelet... faites les rêves que vous voudrez, quoiqu'il arrive les miens seront beaux.

4 commentaires:

  1. Bon soyons chauvin un tantinet, GG pour Davidi et une belle place payée à aller chercher dans ce 25.000$. Une mention spéciale à mon amie Coralie Nauder que je salue au passage, va y ma belle et fait nous une perf. Joue bien les beaux gosses (elle comprendra).
    Manu j'espère tout de même que tu as un peu le temps de profiter des nuits Végasiennes de temps à autre. Mais d'ici peu fête nationale Américaine oblige ce sera le délire à Vegas. En plus il y a des events prévus chez les Français dans quelques jours.

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  2. Pour tout te dire, en ce qui me concerne les nuits Vegassiennes sont plutôt courtes en ce moment... j'aurais l'occasion d'en profiter plus tard. En terme de chauvinisme Belge, sache que Jamel joue aujour'hui le $1,000 NLHE
    à bientôt!

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  3. GG Manu pour ce post !! Je sens que je vais te lire plus souvent comme ça !

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