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jeudi 8 juillet 2010

Papy fait de la résistance

La journée d'hier a été plutôt mouvementée: j'avais rendez-vous avec les qualifiés Poker770 au Starbuck's du Rio -oui, je suis Starbuck's Addict- pour les accueillir, et leur remettre les goodies 770: polo, casquette, logos...

Dans la foulée, je suis retourné au Las Vegas Outlet Center faire du shopping: je me suis trouvé une série de t-shirts Converse, un sweat à capuche (un de plus, oui, mais pas tout à fait pareil que les autres, quand même), des fringues pour mes enfants...
A 19h, nous avons retrouvé Guillaume et Caro à la Little White Chapel: ils se sont remariés devant un Elvis approximatif (mais qui chantait bien), dans une Cadillac Orlando d'époque. Après une soirée calme -on a évité les batailles de gateaux et d'oeufs, cette fois- je suis rentré au Bally's vers deux heures du matin.

Ce matin, réveil en sursaut: j'ai rendez-vous avec Antonio Guerrerro au Starbuck's du Rio (comment ça: encore?) pour prendre le petit déj', avant d'attaquer la grosse journée qu'est le day 1D du main event des WSOP: 3,000 joueurs sont attendus, qui vont transformer le Rio en Zoo.

Juste avant de lancer le main event, Jack Eiffel annonce la participation d'une ancienne star de la NFL: Emmitt Smith, qui a fait toute sa carrière de running-back dans l'équipe des Dallas Cowboys. Du coup, mon pote Jooles est tout fou, on dirait qu'il vient d'apprendre que le Père Noël existe bel et bien, finalement, et qu'il est venu juste pour lui. J'ai à peine le temps de demander de qui il s'agit, que Jooles me bombarde avec le palmarès de Smith: running-back ayant cumulé le plus de yards en NFL, possèdant trois titres de Super-Bowl... j'en frémis encore.


Emmitt Smith (photo: Jooles - poker-magazine.fr)

Jack Eiffel présente aussi le doyen du jour: un homme nommé Jack Ury, qui cumule 97 printemps. Il me fait proprement halluciner, ce Jack Ury: à l'âge où tous les vieux sucrent les fraises depuis longtemps, il s'installe tout bonnement dans un tournoi à $10,000, assisté par un Papy-sitter, tout de même: il ne voit plus bien, n'entend plus rien, mais il monte des jetons. Au dinner-break, il compte près de 45,000 chips, bien au-dessus de la moyenne.

Jack Ury

Et c'est bien là l'énorme avantage du poker: même à 97 ans, Papy Ury peut espérer gagner contre des jeunes tout frétillants, entrer dans les places payées, voire mieux... essayez de faire la même chose quand vous aurez cet âge là dans une autre activité, au tennis par exemple. C'est -de mon point de vue- un des facteurs qui fait du poker un jeu si largement apprécié et populaire. J'ai lu ou entendu il y a quelque temps déjà un joueur pro dire lors une interview: "Il y a de nombreux sportifs qui cessent complètement de faire du sport, alors qu'il y a très peu de joueurs de poker qui arrêtent complètement de jouer."

Un joueur de tennis lambda peut (et doit forcément) arrêter de jouer un jour alors qu'un joueur de poker n'est jamais forcé d'arrêter complètement, et encore faut-il qu'il le veuille: le sentiment d'invincibilité, l'adrénaline, les grosses frayeurs, le tout allié au fait que l'âge n'est pas une barrière pour le pratiquer... rien ne pousse un joueur à arrêter.

Ce fait se vérifie d'autant plus quand ce joueur a touché les étoiles: je viens de lire dans les diverses newletters que je reçois que Peter Eastgate, qui a remporté le main event des WSOP en 2008 (et cumule au total onze millions de dollars de gain en tournoi en deux ans), a décidé de se retirer du monde du poker, par suite d'un manque de motivation. Je pense que s'il dépendait d'un sponsor pour vivre, le jeune homme aurait été beaucoup plus motivé, mais là n'est pas la question.
Je suis persuadé qu'on entendra parler de lui sous peu. On les connait, les joueurs qui annoncent une retraite prématurée, et qui font leur come-back quelques mois plus tard.
Et qui pourrait le leur reprocher? Certainement pas moi. Quand on a connu le feu des tables télé, les palpitations que peut provoquer une river slow-rollée par un croupier indélicat ou par les exigences des médias, le soulagement intense -et pas forcèment retenu- lorsque l'on a suck-outé son adversaire, les exclamations de joie poussées par 700 survivants du main event quand Jack Eiffel prononce la phrase magique: "Congratulations, Guys, You're In The Money"...

Pour les plus mordus, décider de tout stopper serait aussi facile que ne plus se servir de leur main gauche. Au bout d'un moment, il y a fort à parier que Peter Eastgate réapparaitra d'une manière ou d'une autre. Je pense aussi que plus un joueur est monté haut dans le microcosme du poker -avec tout ce que ça comporte de gloire, strass et paillettes, etc- plus ce joueur aura du mal à décrocher. Même les joueurs complètement brokes, et c'est là un des côtés sombres du poker, ont du mal à décrocher: ils font tout pour se refaire, empruntant de l'argent à d'autres joueurs quand leur propre bankroll est épuisée.

J'ai entendu le mot "addiction" ? Oui, bien sûr... et non. Le mot "addiction" implique une dépendance physique, plus adapté à la dépendance à une drogue, selon moi. Mais je joue sur les mots: il faudrait faire preuve d'une hypocrisie sans bornes pour affirmer qu'il n'y a pas de phénomène d'addiction au poker. L'addiction telle qu'elle est conçue dans le milieu du jeu est directement rattachée aux phénomènes qui découlent de la pratique du jeu, et non au jeu en lui-même. Si les gens y reviennent systématiquement, c'est bien du fait des sensations qu'il provoque. On retrouve la même addiction dans les sports extrêmes, certains professions à risques...
En fait, comme l'a si bien dit Claire récemment, les joueurs de poker sont des gens normaux avec des besoins normaux et des sensations normales. Ils veulent juste que ça aille plus vite, plus loin, plus fort, plus cher. Plus.

Voilà la force extraordinaire qui pousse un papy de 97 ans à jouer ce qui sera peut-être son dernier tournoi. J'ai entendu des gens dire à son sujet: "Tu imagines, s'il prend un bad-beat, il pourrait nous faire un infarctus à la table." Et alors ? Quitte à caner, autant que ça nous arrive quand on pratique notre passion, non ? A tout prendre, je préfère ça plutôt que mourir dans mon lit, indigent au point que quelqu'un soit obliger de nettoyer derrière moi.
C'est ce point-là qui doit le motiver le plus, ce Papy: on se sent rarement aussi vivant qu'à une table de poker, toutes les sensation y sont démultipliées.
What else?

3 commentaires:

  1. Pour ce qui est du mariage (enfin remariage), on peut voir une vidéo. Je vois que la Burger party a fait partie du repas des noces. Of course for the Typical American wedding.

    Manu est ce que tu mange de temps à autre, autre chose que des burgers? Un bon T-bone with vegetable and some Jack Daniels saussage could be beter. Pour cela direction le TJ Friday (http://www.tgifridays.com/home/welcome.aspx).

    Bon ok y a plus diététique mais je suppose que rentrant au pays ça va être diet pour un moment. LOL

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  2. super commentaire
    en ce qui concerne la personne âgée mes respects pour lui. Arrivée encore à se présenter à une telle pression du plus gros tournoi du monde, bravo à lui, nous restons rêveur, même si il faut attendre mais 97 ans j'aimerai participer à ce main event. Pourvu que nous le reverons dans le top 9, pour nous faire vibrer un peu, car en France le poker est mort par cette loi.
    bises à toi manu, nous avons suivi toutes tes aventures depuis le début et elles sont bien passionnantes, et je pense que le poker devrait nous faire vivre des rencontres comme celle là surréalistes, car voir toujours des KK vs AA ca devient fatigant, par contre cette participation est tellement inouï.
    bonne continuation à toi et félicitations aux heureux mariés.
    fab flo et les filles

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  3. @ Eric: heureusement pour moi, les burgers sont même plutôt rares. la poker kitchen du Rio propose pas mal de choses, donc ça va

    @fabflo: merci! il m'a fait halluciner ce papy.

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