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mardi 6 juillet 2010

WSOP: Main Event, day 1B

Le tournoi que tous les joueurs du monde attendent chaque année a commencé lundi 5 juillet à midi. J'ai loupé ce premier jour: aucun de mes joueurs n'était au départ du day 1A, j'ai donc pris un jour de congé - que j'ai occupé à regarder plein de films, manger des saloperies et dormir.

Harrah's attend 7,000 joueurs sur ce main event, et comme chaque année, il y a quatre "premiers jours", nommés day 1a, 1b, 1c et 1d. Les survivants de ces jours 1 se retrouveront lors de deux "deuxièmes jours", les day 2a et 2c. Par la suite, les survivants seront rassemblés lors du day 3, et continueront le massacre jusqu'au jour 8, qui verra se former la table finale.

D'une manière générale, je trouve que les day 1 d'un tournoi sont d'un ennui mortel. Les types qui doublent leurs tapis n'iront pas forcément loin dans le tournoi, on peut passer la journée à chercher un coup ou une anecdote intéressante, et j'en ai plus qu'assez de raconter qu'une paire de Rois s'est fracassée contre une paire d'As, ou qu'un joueur lambda a remporté son coin-flip.
La structure du main event des WSOP est tellement belle, cependant, que cela vaut le coup d'être là pour voir ça: chaque joueur commence avec 30,000 jetons, aux blinds 50-100, et chaque niveau dure deux heures. Une vraie bonne structure, bien deep, qui assure à la pire des serrures de pouvoir jouer un jour entier, voire deux, en échange des $10,000 qu'il a payé pour être là.

L'effet ESPN est présent dès le premier jour: d'habitude, les croupiers annoncent le "all in and call" (tapis-payé) uniquement quand les places payées se rapprochent, et que les joueurs sont en hand-for-hand. Pas pendant le main event: la présence des caméras dès le day 1 assure le spectacle, et l'on entend "all-in and call" à tout bout de champ dans la poker-room, généralement suivi de l'arrivée d'un cameraman et d'un preneur de son d'ESPN.




Je ne fais pas partie des gens qui pensent que la présence des caméras changent le jeu ou la décision d'un joueur, mais je me mets à la place d'un jeune joueur, qualifié sur internet, qui se retrouve à tapis: le garçon joue peut-être pour la première fois en live, tous ses potes qui sont à 9,600 km de là appuient frénétiquement sur la touche f5 de leur clavier d'ordinateur pour réactualiser les coverages français, espérant trouver une info à propos de leur poulain dans la jungle du Rio. Arrive le moment fatidique: notre gars trouve une paire d'As, le flop est insignifiant, et il part à tapis contre le taré qui relance tous les coups en face de lui. Problème: Vilain call et retourne une double paire floppée, qui bat les As de notre ami. Celui-ci se retrouve brutalement éjecté du tournoi de sa vie. Car c'est le tournoi de sa vie, n'en doutez pas un seul instant. Il est à Las Vegas pour la première, et peut-être dernière fois de sa vie. Avant de venir, il a passé des heures à rêver à ce qu'il allait faire si jamais il entrait dans l'argent, ou mieux, s'il arrivait dans la short-list, ou en table finale.... pourquoi ne pas réitérer l'exploit d'Antoine Saout ?
Tout s'écroule en un instant, et, alors que le malheureux s'apprête à quitter la table, retenant ses larmes, un micro encapuchonné de mousse surgit au-dessus de sa tête, et l'objectif d'une caméra fait le point sur ses yeux humides.
Bienvenue en enfer, mec. T'auras au moins une histoire de bad-beat à raconter, à ton retour.

Pendant le deuxième break, je retrouve Kinshu (ClubPoker) et Richard (EverestPoker) au lounge d'Everest, en plein séance de massage sur fauteuil:




J'ai essayé il y a quelques jours, c'est juste énorme - j'entends déjà pouffer tous ceux avec qui j'ai eu au moins une conversation: "juste énorme" est mon tic de langage favori. En bref, c'est grave bien -je la sors moins souvent- bien qu'un peu brutal, parfois. Selon l'expression de Kinshu: "Dis-donc, j'ai l'impression qu'un poing essaie de rentrer là où il ne devrait pas." Juste à côté de lui, Richard prend son pied en travaillant. "J'en veux un" sont les seuls mots qu'il parvient à articuler, tandis qu'il tape sur son clavier d'ordinateur.

Retour dans l'Amazon Room, ma championne du monde préférée est dans la place: Vanessa Hellebuyck est de retour à Las Vegas, accompagnée de son mari, ses enfants et son frère, et joue pour la première fois le main event des WSOP. Je lui demande avec un grand sourire comment s'est passé son séjour à Paris, après qu'elle ait fait vibrer le Pavillion du Rio. "J'ai passé quinze jours au téléphone" m'avoue-t-elle avec un soupir. Visiblement, la nouvelle détentrice d'un bracelet WSOP a enchaîné les interviews, propositions diverses et variées.... "Je leur ai demandé à tous de me fiche la paix pendant quinze jours, jusqu'à la fin des WSOP."




Je n'ose pas vraiment imaginer ce à quoi Vanessa a dû faire face à son retour, tant la performance accomplie fut belle. Je lui trouve d'ailleurs quelque chose de changé: elle est beaucoup plus sérieuse qu'il y a deux semaines, j'espère seulement que l'effet overdose-de-médias ne nous l'aura pas métamorphosée. Si c'est le cas, la Vanessa insouciante qui rigole tout le temps me manquera.

Une heure avant la pause dîner, je suis moi aussi allé faire un tour dans le lounge Everest: l'appel de leur fauteuil de massage était irrésistible, par conséquent je n'y ai pas résisté. Je me suis mitonné un petit programme de quinze minutes de relaxation qui m'a fait le plus grand bien. Cela ne vaut certes pas un massage californien, mais c'est à l'oeil. Et je peux vous dire que quand on trouve un truc gratuit à Vegas, on en profite, voui M'sieurs-Dames.




Le départ au dinner-break lors du main event est toujours un moment surprenant. La cohue générée par l'annonce de la pause me rappelle invariablement l'entrée du champ de foire situé non loin de mon école primaire, quand j'étais gosse: tous les jeudi matin, un marché de bovins avait lieu, et environ 2,000 vaches, veaux, boeufs et génisses de tout poil étaient vendues en quelques heures chaque semaine, ce qui générait un embouteillage systématique à l'entrée du corral. Ici, c'est un peu pareil, mais à l'envers: on veut sortir, pas entrer, et il est donc préférable de sortir de la salle quelques minutes avant (ou après) l'annonce de la pause, si l'on est comme moi un peu agoraphobe.

Je suis allé dîner avec Vanessa, Franck (son mari), Cyril (son frère), et Emilie, qui est revenue à Vegas dimanche soir pour s'occuper des vidéos. Cyril avait eu la bonne idée de réserver une table au Sao Paolo Café du Rio, où nous avons pu discuter tranquillement avant d'être servis.

Peu après le dinner-break, Guillaume Darcourt a été éliminé, ce qui signe la fin de ses WSOP 2010.

Dans une heure, le day 1b sera terminé. Environ un tiers des inscrits auront été éliminés, les autres reviendront le 9 juillet pour jouer leur jour 2. Quant à moi, je serai absent du Rio demain: premièrement, aucun joueur estampillé Poker770 ne joue, et ensuite, je suis invité à un mariage: celui de Guillaume Darcourt et Caroline, qui se déroulera à Little White Chapel, sur Las Vegas Boulevard, demain. C'est sans doute la première fois que j'assisterai à un mariage habillé d'un ensemble jean-t-shirt-baskets...




Little White Chapel

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